Les chiites ne rencontrent pas de résistance réelle au Yémen

Ce qui se passe au Yémen montre les limites des monarchies du Golfe pour assurer leur propre sécurité. Plus étonnant encore est le rôle des USA qui laisse faire alors que l’Iran soutien les Houtis miliciens chiites. Comme en Irak la formation par les services américains de cadres sunnites pour résister à Al Qaida s’avère être un échec. Mais que souhaite réellement Obama au Yémen ?

Yémen un château de cartes qui s’écroule

Alors que les capitales occidentales demandent à leurs ressortissants de quitter le Yémen en toute hâte, les Houtis miliciens chiites ne rencontrent pas de réelle résistance pour l’instant et s’approprient les territoires les uns après les autres. On ne peut pas dire qu’ils ont précipité le mouvement, entrés en septembre à Sanaa la capitale du Yémen, ils ont d’abord fait démissionner le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi pour ensuite dissoudre le parlement. Certes il y a eu des combats et des manifestations mais rien de solide. Les chiites eux-mêmes ont été surpris en premier lieu par la majorité sunnite du pays, en deuxième lieu par le manque d’intervention des pays du Golfe et enfin par des discours américains « se disant surpris par les événements. »

 Ce qui se passe au Yémen montre les limites des monarchies du Golfe pour assurer leur propre sécurité. Les américains attendaient une réaction des saoudiens qui n’est pas venue. Chacun se rappelle comment l’Arabie saoudite était intervenue pour soutenir les dirigeants sunnites du Bahreïn et écraser dans l’œuf la révolte des chiites pourtant majoritaires au Bahreïn. Or, au Yémen ce sont bien les sunnites qui sont majoritaires et l’Arabie saoudite laisse faire, les milices chiites lourdement armées avancent bien plus vite qu’elles n’avaient imaginé. Le château de cartes yéménite est en train de s’écrouler.

 

Les formateurs américains pris encore en défaut

 Dès 2009, les forces spéciales américaines furent chargées de former des yéménites à la lutte anti-terrorisme. Ces personnes venant essentiellement de l’armée et de la police ont constitué avec le temps une force d’élite capable, en principe, d’encadrer des troupes pour faire face à des situations les plus périlleuses. Lorsque les milices chiites, les Houtis, sont parvenues aux abords de Sanaa, chacun s’attendait à une résistance acharnée et on pouvait même espérer une victoire rapide de ces forces d’élites formées par les américains. Mais voilà, comme en Irak se fut la débandade !

Il faut se rappeler qu’une partie de ces forces d’élites ont pu être recrutées pour aller se battre en Syrie afin de renforcer l’armée libre syrienne contre Bachar el Assad et faire contrepoids aux milices chiites venant d’Iran et du Hezbollah. Ont-elles manquées face aux Houtis ? Force est de constater que les formateurs américains sont pris en défaut encore une fois.

Comme beaucoup d’experts le soulignent lorsque les Houtis vont essayer de s’approprier du Sud Yémen les difficultés seront plus importantes. Mais devant le manque d’option politique il va bien falloir maintenant qu’ils assument leurs responsabilités et contribuer autrement que par la violence à une gestion politique du pays.

Comme le rapportait le media « Elwatan », « Le chef de la milice chiite, Abdel Malek Al Houthi, dont les hommes ont consolidé leur emprise sur le Yémen, a défendu son coup de force en soulignant qu’il était destiné à remédier à la vacance du pouvoir. » D’ailleurs Al Houthi ne manque pas d’aplomb car il déclare « Si Al Qaîda prend le contrôle du pays, il complotera contre les frères en Arabie Saoudite et dans le Golfe.»

Mais que souhaite réellement Obama ?

 Finalement, Abdel Malek Al Houthi nous donne la réponse concernant les souhaits d’Obama. Celui-ci voyant que les responsables sunnites sont dans l’incapacité au Yémen de contenir et éradiquer Al Qaida, comme en Irak Daesh, laisse gérer l’avenir du Yémen par les Houtis. Nous verrons, si c’est le schéma retenu, dans quelques semaines un partage des responsabilités sera proposé par Kerry entre sunnites et chiites avec la bénédiction d’Obama. La seule condition sera qu’ils travaillent ensemble à la disparition d’Al Qaida et aux premières bases de Daesh au Yémen.

Il est probable que les américains comme d’habitude aient au moins deux fers au feu, l’Arabie saoudite et l’Iran et les autres …