Europe, Qatar, Fifa, une farce à trois temps

Le député travailliste britannique Michael Connarty propose dans une résolution que la FIFA revote sur l’attribution de la Coupe 2022. Le Qatar risque-t-il de se voir retirer la Coupe ?

L’Europe se réveille après le combat comme d’habitude

 La plupart des medias reprennent un communiqué de l’AFP indiquant que le député travailliste britannique Michael Connarty propose dans une résolution que la FIFA revote sur l’attribution de la Coupe 2022. Ce député se sert du rapport Michael Garcia qui pendant 2 ans a travaillé sur l’attribution des Coupes 2018 à la Russie et 2022 au Qatar. Or, la Fifa vient d’enterrer ce rapport et de dire que les Coupes auront lieu comme prévu en Russie et au Qatar. Blatter disant même qu’il faudrait un séisme pour l’enlever au Qatar.

Bien sûr, l’Europe peut voter cette résolution non contraignante, mais quel pays se dressera contre le Qatar ? A ce jour aucun, bien au contraire ! Tous les chefs d’état comme l’Allemagne, la France, l’Angleterre … expriment chaque jour leur soutien au Qatar, alors qu’il est conspué sur la problématique du financement de l’islamisme radical.

 

La FIFA a fait son choix, il est irréversible à moins d’un procès mémorable

 Lorsqu’en 2010, la Fifa a accepté le vote conduisant à une Coupe du monde de football au Qatar en 2022, elle était loin de se douter du bazar que cela sèmerait. Aujourd’hui nous sommes en 2015, alors que le Qatar a programmé et engagé une partie des travaux, il est impossible techniquement de revenir en arrière sans que le Qatar entraine la Fifa dans un procès mémorable. Il demanderait le paiement de dommages impressionnants et impossibles à payer pour la Fifa. Celle-ci sait pertinemment que la résolution européenne, s’il elle était votée, ne serait pas contraignante puisque les chefs d’états s’y opposeraient. Alors Blatter fait le dos rond en espérant que l’excitation du député travailliste britannique Michael Connarty retombe. Ceci n’empêche pas la Fifa de faire pression sur le Qatar, sur les conditions de préparation de cette Coupe notamment les conditions de travail déplorables des expatriés. Et aussi sur les conditions de l’organisation pratique de cette Coupe 2022.

Le Qatar ne veut pas perdre la face

 Si la Fifa venait à enlever la Coupe au Qatar pour des motifs de corruption, le préjudice pour ce pays serait énorme à la face de toute la planète. Les qataris perdraient toute crédibilité dans de nombreux domaines et seraient qualifiés de « tricheurs », en sport cela est impardonnable. Le Qatar fait des efforts financiers surhumains pour que cette Coupe se passe dans les meilleures conditions, mais il a plusieurs points sur lesquels il pourrait se mettre en difficulté sans que personne n’intervienne de l’extérieur.

Les conditions de travail inacceptables notamment, dans le bâtiment et les travaux publics, pourraient dans les mois à venir, lorsqu’il faudra accélérer les travaux, être le goulot d’étranglement. Il nous remonte régulièrement l’exaspération de ces travailleurs qui disent n’avoir rien à perdre et que tout cela se transformera dans un conflit collectif géant qui pourrait déstabiliser le pays. En outre, même si c’est moins grave, le bouleversement du calendrier à cause de la Coupe qui pourrait se tenir en hiver, perturbe de nombreux pays. Enfin, le constat est fait avec le championnat mondial de handball qui se déroule actuellement, le Qatar ne dispose pas de public pour combler les stades.

 En conclusion, le Qatar risque-t-il de perdre la Coupe 2022 à cause de la Fifa ou de l’Europe ? La réponse est NON. Le Qatar fera-t-il les modifications de son droit du travail assez tôt pour éviter un conflit collectif extraordinaire ? A aujourd’hui, tout porte à croire le contraire. L’appât du gain de quelques « personnages qataris » et entreprises multinationales est tel qu’ils pensent par la force contenir bientôt deux millions de travailleurs. Cette « farce » à trois temps pourrait bien se terminer dramatiquement et venir grossir le nombre de morts qui ne cesse de grandir pour un évènement qui devait être sportif et festif.

Et puis infine, d’aucuns s’organisent et mettent avant l’idée, que si on ne peut annuler cette Coupe, on peut la boycotter, ceci commence à faire son chemin…