Doha 10 septembre 2014, drones ou avions de combat

Ce qui est pénible à Doha c’est les températures qui restent au-dessus de 30 degrés la nuit. Il faut vivre avec la clim en permanence pendant cette période de l’année. On reste un peu plus tard dans les bars des grands hôtels,  où,  si on tend l’oreille on glane toujours quelques infos. Un qatari racontait que finalement le Qatar pourrait bien acheter moins d’avions de combats et plus de drones.

Les températures  élevées sont propices aux discussions dans les bars des grands hôtels

Lorsque vous êtes expatrié au Qatar et célibataire, une fois le travail terminé, l’idéal est d’avoir deux ou trois points de repli dans les grands hôtels de Doha. Une fois que vous êtes connu, on vous accueille avec plaisir, sans se faire trop assassiner sur le prix des consommations. Mais si vous êtes simplement de passage, faites attention aux tarifs des boissons notamment alcoolisées. Moi je suis avant tout un buveur de cocktails de jus de fruits, je vous assure que c’est plaisant.

Dans ces lieux de détente, on lève un peu le voile de Doha et si on tend l’oreille on glane toujours quelques infos. J’apprends ici souvent des « news » que la presse locale fait paraitre plus tard. Et c’est bien un des seuls endroits où on peut échanger avec les qataris qui quelques fois se livrent. C’est ainsi qu’il y a quelques jours j’ai appris que la société française Valmont avait obtenu son contrat pour éclairer une partie du nouvel aéroport à Doha, au moins 20 millions de dollars, cela veut dire aussi que l’on va voir quelques nouvelles têtes. Les « frenchies » on n’est pas si nombreux et souvent les compatriotes sont casaniers. Mais l’information qui m’a le plus intéressé concernerait l’achat de drones à la place d’avions de combat. Intox ou vérité difficile à dire, mais le qatari qui en parlait avait l’air de connaître son sujet et comme ce soir-là il n’y avait pas de « flics » en civil, il a causé.

« L’avenir » disait-il « est aux drones,  pas seulement aux avions de combat. Regardez les américains plus de 60 % de leurs investissements portent sur les drones, même pour ce qui concerne le personnel formé, les équipes qui gèrent des drones ont pris l’avantage sur les pilotes d’avions de chasse. Ici, à la base américaine d’al- Udeïd il y a un gros paquet de drones dont certains sont capables de rester plusieurs journées en l’air. Or, pour un pilote c’est impossible. C’est pour cela que notre gouvernement va sans doute moins acheter d’avions de combat et à la place des drones. En plus dans une équipe de gestion de drones, on peut y mettre des civils, hommes ou femmes et comme le service militaire va être étendu aux femmes prochainement voilà un endroit où elles pourraient trouver leur place. »

« Les drones que nous allons acheter n’ont rien à voir avec ceux que nous ont vendu les turcs en 2011, une bonne dizaine qui servent surtout à l’observation courte puisqu’ ils ne restent en vol pas plus d’une heure et demie. Ce qu’il nous faut c’est les mêmes qu’ont les américains à al- Udeïd ». De toute manière nous serons obligés de les acheter aux américains car avec les israéliens l’autre grand constructeur, compte tenu de nos relations actuelles, cela me semble difficile. » D’un seul coup le qatari s’arrêta car il venait de voir renter deux flics en civils que nous avions repéré quelques jours avant. Je mis un doigt sur ma bouche en faisant semblant de me frotter le nez, c’était le signal, il fallait changer de sujet.

Quelques minutes plus tard, mon interlocuteur qatari rentrait chez lui et moi aussi en espérant que ma clim s’était bien mise en route automatiquement. Je n’avais qu’à faire réchauffer un plat que j’avais préparé la veille et rejoindre la belle Morphée qui m’accompagnerait dans mes rêves. Cette nuit-là je fis un étrange rêve où je voyais des Rafales vouloir détruire des drones… Tiens  bizarre…