Vivre au Qatar je vous assure c’est une aventure, tout peut tourner au vinaigre rapidement.
Comment passer à travers les rares gouttes qui tombent au Qatar ?
Hier, je vous ai parlé de Doha qui reprenait vie après une accalmie de l’activité en juillet et en août. Ce matin pour aller au travail, j’ai mis près d’une heure au lieu des trente minutes habituelles simplement parce qu’un accident est venu tout compliquer. Rouler à Doha demande une certaine expertise, on devrait faire un stage à Naples en Italie avant de s’y rendre pour développer les réflexes de survie.
Lorsque les français arrivent ici, ils essaient de trouver des combines pour que leur séjour se passe au mieux. Il m’arrive de fréquenter deux ou trois bars de grands hôtels où on peut tout trouver et satisfaire toutes ses envies. C’est donc là-bas que je rencontre quelques-uns de nos concitoyens qui arrivent souvent pour faire fortune. Tout en sirotant un verre, ils essaient de me tirer les vers du nez. Hier soir, un gars de Nantes, Georges, avec qui je discutais me racontait qu’il avait créé une petite société à Doha pour fournir des artisans à des sociétés qui avaient pris du retard dans leurs travaux. Il avait un répertoire bien garni, de nombreux métiers et apparemment il se faisait payer à prix d’or pour faire intervenir ses gars comme tâcherons.
Intrigué, je lui ai demandé comment cela se passait avec son sponsor qatari. Mon Georges le nantais partit dans une grande tirade que je résumerai par un mot « nickel ». Apparemment il était tombé sur un associé qatari qui était une perle. « Ecoute, me dit-il, voilà six mois qu’il m’aide sans demander le moindre Riyal, c’est pour cela que je dis, avec lui c’est nickel, et puis tu sais j’ai été conseillé par un gars de l’UFE, un certain Mathieu, il est même devenu président de ce « machin » qui conseille les français arrivant au Qatar». En regardant mon petit sourire, il s’arrêta pour me dire, « pourquoi tu te marres » ?
« Je luis dis, je vais te raconter une histoire ou deux et tu en feras ce que tu voudras ». « Un de mes amis, il y a quelques années a été président de « ton machin » l’UFE, il s’appelle Jean Pierre Marongiu, il faisait un super boulot et beaucoup de français fréquentaient l’UFE, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. » « Lors des élections Sarkozy – Hollande, il n’a pas voulu prendre parti, ni pour l’un ni pour l’autre. En plus il eut le malheur de ramener sa science sur le Qatar dans une émission sur M6, juste quelques critiques anodines. Sache que sa vie a basculé en quelques jours, il est aujourd’hui en prison parce que son sponsor qatari lui a vidé les comptes en banque juste au moment où il avait émis des chèques pour payer les fournisseurs.
Il est en tôle pour chèques sans provisions. Demain 9 septembre, cela fera un an. » « Mais ce n’est pas fini, écoute, ton fameux Mathieu, l’actuel président de l’UFE qui devait l’aider devant la justice qatarie, l’a enfoncé un peu plus et lui a pris sa place, aidé en cela par l’ancien ambassadeur de France. Alors qu’ils savent qu’il est innocent, figures-toi qu’ils se sont rangés du côté du « voyou » qui a spolié Marongiu ». « Quant à ton Mathieu, sache que s’il se prétend « avocat », demandes-lui son « diplôme » et là tu risques d’attendre longtemps. » « Ecoutes moi bien Georges, sois prudent avec ton sponsor, il n’y a pas que des voyous, mais quand même prends quelques précautions, notamment avec ton banquier. Assures-toi par exemple et n’hésites pas à écrire, que ton sponsor ne peut retirer des sommes sans ta signature, car tu risques de te trouver en prison en compagnie de mon ami Marongiu ». Concernant ton Mathieu je vais te donner le téléphone d’un français ici qui t’en parlera savamment, il va déposer plainte contre lui pour usurpation de titre d’avocat. »
« Georges, je suis désolé mais je dois partir, j’ai un rendez-vous que je ne peux reporter, voici mon téléphone, en cas de soucis rappelles moi, si je peux t’aider, c’est avec plaisir ». « Juste une question me dit Georges, et que vaut le nouvel ambassadeur de France, Éric Chevalier, je crois ? » « Franchement, il arrive, » je luis répondis, « alors on va lui accorder le bénéfice du doute, il faut juste espérer qu’il ne fasse pas autant de dégâts que son prédécesseur. » « Salut Georges, à bientôt, tu as mon fil et mon adresse ».
Un peu avant midi, mon « nantais » m’a rappelé, il a verrouillé avec son banquier, lettre à l’appui qui sera suivie d’une lettre de son avocat, un vrai, pas un usurpateur. Il m’a dit, « il faut qu’on se voit j’ai une tonne de questions à te poser, je t’invite « chez Ducasse ici à Doha, ça te va ? » Je lui ai répondu « Ok, va pour Ducasse, enfin celui qui le remplace ».
Je retourne au travail, j’ai fini ma pause…