L’émir Hamad disait craindre autant l’Arabie saoudite que l’Iran. Finalement il avait raison, il est aujourd’hui plus à craindre une intervention des saoudiens que des iraniens. Lorsque Obama a laissé tomber les frères musulmans en Egypte a-t-il donné le signal aux saoudiens. Quelle crédibilité peut-on accorder à la protection américaine du Qatar ? Le Qatar aura-t-il le temps de s’armer ? Un document en plusieurs parties tente de répondre à ces interrogations.
L’émir Hamad avait raison de craindre l’Arabie saoudite
L’existence du Qatar complique les projets de l’Arabie saoudite. En plus de l’Iran, adversaire naturel tant au niveau économique que religieux, depuis l’arrivée au pouvoir de l’émir Hamad en 1995 les saoudiens ont un adversaire petit en taille mais d’un dynamisme remarquable. L’Arabie saoudite se sent attaquée par le Qatar sur ses fondamentaux.
Comme l’écrivait en octobre 2012 Giorgio Cafiero « La disparition des pouvoirs politiques autocratiques laïques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a amené la renaissance des partis islamistes dans la région et déclenché au sein des puissances du Golfe (l’Arabie saoudite et le Qatar), une rivalité pour gagner les cœurs et les esprits du monde sunnite. »
L’émir Hamad et les américains ont aidé les frères musulmans à émerger politiquement. Cette Confrérie a participé aux avènements des printemps arabes pour que le religieux et le politique créent une voie d’expression démocratique. Les frères musulmans n’avaient pas assez travaillé le sujet, et l’intérêt particulier a pris le dessus sur l’intérêt général des peuples. L’attente était si importante notamment en matière sociale, pour les droits de la femme, pour l’acceptation de la pensée de l’autre, toutes réflexions sous estimées par les frères musulmans et qui les ont conduit, inexorablement dans le peu de temps disponible, à l’échec.
La réaction la plus forte est venue des saoudiens qui s’opposent au rapprochement du religieux et du politique. Ils ne pouvaient laisser faire l’émir Hamad, abandonné par les américains qui avaient anticipé un échec des frères musulmans. La bataille la plus dure a été livrée en Egypte et elle se poursuit encore. Des milliers d’égyptiens ont payé et vont payer de leur vie l’essai des frères musulmans d’ouvrir la porte du royaume des ténèbres. L’émir Hamad a cédé la place à son jeune fils Tamim qui pour son premier voyage à l’étranger a essayé de rassurer le roi Abdullah. Mais rien n’y fait le « vieux roi » a eu peur d’être emporté par « un printemps arabe », la nomination même de Tamim qui n’est pas le premier fils de Hamad pose problème.
Pour le roi Abdullah, le Qatar n’est qu’une petite province de l’Arabie saoudite qui doit revenir dans le rang, l’histoire et la géographie le prouvent et économiquement c’est une aubaine. Obama qui est venu parler avec lui a-t-il lâché le Qatar, comme il l’a fait pour les frères musulmans ? Quelle crédibilité peut-on accorder à la protection américaine du Qatar ? Le Qatar aura-t-il le temps de s’armer ?
Nous traiterons cela dans les prochains jours.