Les Emirats Arabes Unis ont beaucoup à perdre dans le conflit contre le Qatar

Dans cette nouvelle crise qui touche 4 pays sur 6 dans le Golfe, les Emirats Arabes Unis sont à la pointe du combat contre le Qatar.  Si l’Arabie saoudite n’a rien à craindre du Qatar tel n’est pas le cas des émiriens. Est-ce la crise de trop entre les deux pays ?

Les deux pays frères les plus turbulents du Golfe

Lorsqu’on suit la vie des pays du Golfe on s’aperçoit rapidement que dans cette « famille arabe » composée de l’Arabie saoudite, Les Emirats Arabes Unis, le Koweït, le Qatar, Bahreïn, Oman, régulièrement il y a quelques tiraillements. Les deux frères les plus turbulents sont les Emirats Arabes Unis et le Qatar. Force est de constater que la concurrence économique et médiatique du Qatar et des Emirats Arabes Unis est telle que ces derniers ne perdent aucune occasion d’irriter le Qatar voire de semer la discorde entre le Qatar et l’Arabie saoudite.

Après la crise de fin 2014, il avait fallu du temps pour que les dirigeants des deux pays se raccommodent, cette nouvelle crise qui a démarré le 5 juin 2017 risque de faire dégâts bien plus importants. Il y a un sujet sur lequel les Emirats Arabes unis ne peuvent interpeller sérieusement le Qatar se sont les relations avec l’Iran, car à ce jour ce sont bien les Emirats qui sont proche de l’Iran au niveau économique et non le Qatar.

Une compétition irrationnelle

Hier matin Mohammed déambulait sur les docks du port de Djebel-Ali, un des plus grand ports des Emirats Arabes Unis, classé 9e au niveau mondial pour la réception des conteneurs. Ce port est couplé avec une zone franche, une opportunité économique pour les émiriens et pour les nombreux expatriés qui font fonctionner ce port. Enfin, qui faisait fonctionner cette partie de  Djebel-Ali destinée au Qatar. Car depuis 10 jours maintenant plus rien ne bouge.

« Tu sais Antonio, nous avons été surpris quand on nous a annoncé que plus rien ne partait en direction du Qatar.  Les gens de chez Maersk nous ont indiqué que plus rien n’arriverait ici, ni d’eux, ni d’autres compagnies pour le Qatar. » « Antonio, nous sommes des centaines à nous demander ce que nous allons devenir, si cette crise continue entre les Emirats et le Qatar, mais qui s’en soucie ?» « Mohammed, toi qui travailles ici depuis longtemps que penses-tu de la relation Emirats Arabes Unis et Qatar, peut-on parler de haine entre ces deux pays ? » «  Le mot haine n’est pas approprié, je parlerai d’irrationalité… »

Des vielles histoires et des plus récentes

Les Emirats Arabes Unis n’auraient toujours pas digéré  l’affront qu’ils ont subi en 1971 lorsqu’ils ont tendu la main au Qatar pour qu’il vienne rejoindre l’ensemble des émirats qui forment le pays actuel. Son refus n’a pas été compris !

Et puis il y a cette histoire de la Confrérie des frères musulmans classée terroriste par les Emirats après les divers printemps arabes. Le Qatar a soutenu et continue encore à les soutenir, si pour les Emirats, les frères musulmans représentent un véritable danger, pour le Qatar ils font partie d’un espoir, ils participent à la vision moderne de l’islam.

Enfin, avec l’arrivée de Trump aux US et l’envie du ministre de la défense saoudien, fils du roi Salman qui veut en découdre avec le roitelet qatarien, l’opportunité était trop belle de faire mettre un genou à terre au Qatar.

Voilà comment les dirigeants des Emirats Arabes Unis, sans tenir compte de leur population, se sont fourvoyés dans une aventure qui pourrait bien leur coûter bien plus cher qu’ils ne pensent. Des dirigeants qui jouent gros, car si l’Arabie saoudite n’a rien à craindre du Qatar tel n’est pas le cas des émiriens. Il y aura une fin à cette crise, soit le Qatar est conquis par un fait militaire et devient une province de l’Arabie saoudite mais pour cela il faut de l’audace. Soit il y aura un compromis et il est fort probable que les Emirats auront un prix à payer bien au-delà de ce qu’ils imaginent. Les relations entre les deux frères turbulents du Golfe ne seront plus jamais pareilles.