Qatar revue hebdo semaine 7-2017

La semaine passée a été marquée par la publication de notre recherche sur la population du Qatar qui progresse désormais d’environ 7500 personnes par an. Quel est l’avenir de ce pays ?

294 159 qataris à fin décembre 2016

C’est le chiffre actualisé de la population des « vrais qatariens ». Un peu plus de 11 % de la population totale selon les mois. C’est une recherche qui aboutit grâce à un  échange avec d’autres chercheurs sur ce sujet. Pour cela nous sommes partis sur la base d’une information datant de 2000 et avons actualisé année après année pour aboutir à fin 2016 à un nombre de qataris de 294 159 personnes. Le Qatar ne publie pas de données sur ce sujet.

Une population qui le 14 février a pratiqué la journée nationale du sport, des élites aux plus humbles, QNA l’agence officielle a publié de nombreuses photos. On peut toutefois s’interroger de l’efficacité de cette journée sur la santé réelle des qatariens ?

Une santé qui est plus que jamais l’une des priorités du gouvernement qui a œuvré cette semaine à la mise en place d’un plan d’action national autisme. Ce Plan pour l’autisme vise à améliorer la vie des personnes atteintes de troubles autistiques et leurs familles. Le Premier ministre a chargé les organismes concernés d’accélérer la mise en œuvre des objectifs du plan grâce à la coopération de tous les organismes gouvernementaux et semi-gouvernementaux et des organisations de la société civile et du secteur privé.

Nous sommes revenus cette semaine sur un segment de la population qui vit en clandestinité au Qatar. Les sans-papiers n’ont pas pu bénéficier de l’amnistie de trois mois qui s’est terminée en décembre 2016. Ils vivent dans l’angoisse d’un contrôle de la police et sont les sujets de nombreux trafics d’êtres humains. Dans l’affaire de l’amnistie en faveur des expatriés « hors la loi » l’administration qatarienne n’a pas été à la hauteur de la situation.

En lisant un article dans le média Forbes.com, produit par David Anderson, intitulé « How Qatar Walks The Tightrope Between Islamism And Modernity,» nous nous sommes exprimés sur l’équilibre général du Qatar. Si David Anderson invite l’émir Tamim Al Thani  à continuer à maintenir cet équilibre que je qualifie de « réflexif », sans doute n’a- t-il pas pris conscience que cette course futuriste fait d’importants dégâts au sein de la population locale qatarienne et expatriée.  La récente volonté de privatiser le secteur de la santé ou l’augmentation des taxes notamment sur le carburant peuvent peser sur cet équilibre. Mais aussi des événements d’apparence plus insignifiants comme la « journée nationale du sport » ou l’endettement important des particuliers qui heurtent les religieux.

Le partage des richesses est un élément clé de cet équilibre, on peut s’interroger encore sur l’efficacité de QIA, le fonds souverain du Qatar notamment sur des investissements comme Volkswagen, Deutsche Bank et maintenant le Crédit Suisse. Ce qui devait être une opportunité devient un fardeau pour le pays.

Une inquiétude plus grande règne encore sur la rentabilité à posteriori des investissements liés à la Coupe du monde 2022 de football qui se joue au Qatar. Les autorités de ce pays ont tellement exagéré le coût de l’organisation de cette Coupe 2022, que le président de la FIFA envisage pour le futur une coopération entre plusieurs pays. Sur les 200 milliards de dollars qui seront dépensés par le Qatar à peine 40 milliards le seront directement pour la Coupe 2022 elle-même. Le reste, 160 milliards, sont des dépenses d’infrastructures que le Qatar aurait dû faire de toute façon pour  être au niveau mondial dont il se réclame. L’intérêt pour ce pays aurait voulu qu’il présente une offre avec son voisin les Emirats Arabes Unis, mais les élites qatariennes ont rêvé grand et se sont fait plaisir, elles parlent d’ambition. D’ ucuns parlent même d’éléphant blanc pour la Coupe 2022.

Voilà comment Wikipédia définit cette expression : « Un éléphant blanc est une réalisation d’envergure et prestigieuse, souvent d’initiative publique, mais qui s’avère plus coûteuse que bénéfique, et dont l’exploitation ou l’entretien devient un fardeau financier. »

Le problème posé au Qatar est qu’il manque de corps intermédiaires pour s’exprimer sur la politique gouvernementale. Ce pays doit aussi moderniser l’expression de son agence officielle QNA. Ainsi, on peut s’interroger si l’émir du Qatar parle au nom de tous les qatariens et toutes les institutions du pays ? Si tel est le cas et il faut le souhaiter, pourquoi systématiquement le vice-émir et le premier ministre du Qatar font la même communication que l’émir ?

Le Qatar est un pays en construction qui pratique la marche sur une corde raide, tendue au-dessus d’un canyon. Un équilibre fragile que le gouvernement doit renforcer en s’occupant en priorité du Qatar Intérieur.