Al Sissi est avant tout un militaire pas un politique

En refusant l’aide du Qatar pour une réconciliation nationale avec les Frères Musulmans, le président égyptien montre ses limites en tant que homme politique. Finalement son discours demandant au peuple égyptien de s’unir pour relever le pays n’a duré que le temps du discours.

 

Se priver de l’option Frères Musulmans au Moyen Orient est une grossière erreur

Le combat contre le terrorisme au Moyen Orient n’est pas seulement une affaire militaire, on peut même dire que c’est avant tout une affaire politique. Même si les forces de la coalition américano et Cie avaient une véritable intention de détruire l’Organisation de l’état islamique, ce qui est loin d’être le cas, il faudra bien ensuite offrir une solution politique globale pour régler les problèmes des pays et forces comme, la Syrie, l’Irak (avec un véritable territoire pour les sunnites), les Kurdes, la Libye …Or, le président général Al Sissi, le dirigeant égyptien en refusant l’aide du Qatar pour une réconciliation nationale avec les Frères Musulmans, montre ses limites en tant que homme politique alimentant à son tour la déstabilisation de son pays. Cet homme, qui ne manque ni de courage ni de volonté, reste au fond de lui un militaire qui croit qu’un ennemi politique doit être éliminé physiquement et c’est ce qu’il fait actuellement avec les Frères Musulmans dans son pays, ayant reçu le droit de tuer par la communauté internationale.

Se priver de l’option Frères Musulmans en Egypte comme au Moyen Orient est une grossière erreur, car les qualifier de religieux terroristes c’est oublier trop rapidement l’élan qu’ils ont suscité avec les « Printemps arabes ». Finalement, le discours d’Al Sissi lors de l’inauguration de l’élargissement partiel du Canal de Suez demandant au peuple égyptien de s’unir pour relever le pays n’a duré que le temps du discours. Il ne peut oublier que les Frères Musulmans dans son pays représentent une bonne partie de la population et qu’ils ont conquis démocratiquement la gestion de l’Egypte avant d’être débarqués par son armée. Se priver de cette évolution téméraire du sunnisme qui est certainement à parfaire, c’est laisser peu d’alternatives à des jeunes qui au Moyen Orient ont le choix entre le wahhabisme saoudien qui est un retour aux ténèbres et le wahhabisme de l’Organisation de l’état islamique qui est un aller simple pour l’enfer sur terre.

Le Qatar ne doit pas se contenter de confondre publiquement le président Al Sissi, mais doit dans l’esprit des Frères Musulmans donner l’exemple d’une ouverture politique en organisant des élections législatives dans son pays. Car la Turquie, l’autre défenseur des Frères Musulmans va s’engluer dans une de ses époques les plus douloureuses pour ses enfants. Erodogan comme Al Sissi est prêt à tout pour éliminer ses adversaires oubliant que dans nos mondes modernes la population assiste en directe à l’élimination de ses concitoyens, se demandant quand elle aussi, si par malheur elle exprime un désaccord, subira le même sort.

On ne peut plus dans des grands pays comme l’Egypte ou la Turquie « dominer » autant de personnes très longtemps par la force. La démocratie est le sens de l’histoire même au Moyen Orient et les dictatures fussent-elles religieuses finissent toujours par tomber.