
Ils n’ont pas connu les bombardements de l’OTAN, ni les files d’attente pour du pain, ni les discours de Milošević. Et pourtant, la guerre est partout dans leur mémoire — transmise par les récits familiaux, les silences gênés, les manuels scolaires lacunaires. Cette génération née après 2000, qu’on disait apolitique, se révèle aujourd’hui comme le moteur d’un réveil démocratique.
Héritiers d’un passé qu’ils n’ont pas choisi
- Les jeunes Serbes ont grandi dans un pays en transition permanente, entre nostalgie yougoslave, nationalisme résiduel et promesses européennes non tenues.
- Leurs parents ont connu la guerre, la pauvreté, les privatisations brutales. Eux ont hérité d’un système verrouillé, d’un avenir flou, et d’un sentiment d’injustice.
- Beaucoup disent avoir été élevés dans le silence : ni les crimes de guerre, ni les responsabilités de la Serbie ne sont abordés à l’école.
- Résultat : une jeunesse en quête de vérité, qui refuse les récits officiels et cherche à reconstruire une mémoire collective plus honnête.
« On nous a appris à ne pas poser de questions. Aujourd’hui, on exige des réponses », confie Jelena, 21 ans, étudiante en histoire.
Une colère lucide, une énergie contagieuse
- Le mouvement actuel n’est pas seulement une révolte contre Vučić. C’est une affirmation générationnelle.
- Les étudiants bloquent les universités, organisent des assemblées, rédigent des manifestes.
- Ils rejettent les partis traditionnels, qu’ils jugent corrompus ou inefficaces, et inventent de nouvelles formes d’engagement horizontal.
- Leur mot d’ordre : « Dignite, justice, avenir » — trois mots qui résument leur vision d’un pays à reconstruire.
L’Europe, entre espoir et désillusion
- Beaucoup de jeunes Serbes se disent européens de cœur, mais désabusés par l’inaction de Bruxelles.
- Ils ne brandissent pas de drapeaux européens, mais réclament les valeurs que l’Europe incarne : État de droit, liberté de la presse, justice indépendante.
- Certains ont entamé un périple à vélo jusqu’à Strasbourg, pour remettre une pétition au Parlement européen.
- D’autres envisagent de partir — non par rejet de la Serbie, mais par épuisement face à l’immobilisme.
« On ne veut pas fuir. On veut que notre pays devienne un endroit où il vaut la peine de rester », dit Marko, 23 ans, diplômé en droit.
Une génération qui veut tourner la page
- Cette jeunesse ne veut pas oublier la guerre. Elle veut la comprendre, la nommer, et en tirer les leçons.
- Elle réclame une réconciliation lucide, fondée sur la vérité, pas sur l’oubli.
- Elle veut un pays où l’on ne meurt pas sous un toit mal construit, où l’on ne va pas en prison pour avoir manifesté, où l’on peut rêver sans être naïf.
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