
Demain, tout commencera. Mais aujourd’hui, la ville est encore dans l’entre-deux. Trop tard pour préparer, trop tôt pour comprendre. C’est une journée de battement, de battement de cœur. Mais il ne faut pas oublier, c’est une soirée d’avant-premières gratuites.
Ensemble, le 4 juillet 2025
Depuis mon bureau, je tente d’imaginer. J’écoute les ombres. Je regarde sans voir. Noura, elle, observe pour deux. Ou trois. Voire quatre. Elle m’a transmis ces lignes dans un message bref, à sa manière, comme si elle me tendait une photo qu’il ne fallait pas trop regarder, juste ressentir.
Carte muette — Noura
« Rue du Rempart, 15 h 41. Un enfant s’est endormi contre un mur couvert d’affiches. Sa tête dépasse juste au niveau d’un mot : ‘répéter’. »
« Pas un bruit. Même le vent semblait écouter. »
Éclat furtif — Lucie « Place du Palais, 18 h 02. Je marchais sans but, comme on le fait parfois à Avignon, quand on veut se laisser surprendre. Un homme dansait seul, pieds nus sur les dalles brûlantes. Pas pour l’argent. Pas pour un public. Juste pour le mouvement. Il avait l’âge d’un souvenir. »
Je me suis approchée. Il s’est arrêté, m’a souri, et m’a dit : — « Tu sais que la danse est entrée ici en 1966 ? Avant, c’était le royaume des mots. Puis Béjart est arrivé. Et tout a basculé. »
Il s’appelait Yannis, ou peut-être qu’il m’a dit ça pour le plaisir du prénom. Il m’a raconté comment Maurice Béjart avait présenté son Ballet du XXe siècle dans la Cour d’honneur, et que ce soir-là, le corps est devenu texte. — « On n’écoutait plus seulement, on regardait. On ressentait. On vibrait. »
Il m’a parlé de Boléro, de Messe pour le temps présent, de cette musique de Pierre Henry qui faisait trembler les pierres. — « Depuis, la danse est partout. Dans les théâtres, dans les rues, dans les silences. Elle est devenue un axe du festival. Un souffle. »
Puis il a repris sa danse, comme s’il n’avait jamais cessé. Et moi, j’ai noté : « Il y a des gestes qui racontent mieux que les mots. Et des corps qui se souviennent pour nous. »
Note confidentielle : Lucie ne l’a pas vu. Mais sur la photo qu’elle m’a envoyée — floue, mal cadrée — il y avait une silhouette en fond, dans l’ombre d’un porche. Masque vénitien, manteau trop long. Presque un mirage. Dans mon courrier ce matin, une carte postale vierge, datée de 1966. Même écriture qu’un vieux programme oublié. Au dos, une phrase manuscrite : « Le corps entre en scène. Le silence s’incline. » Personne ne signe. Mais je crois que Bello m’a trouvé.
Une soirée d’avant-premières gratuites
Le Festival d’Avignon 2025 propose aujourd’hui, 4 juillet, une soirée d’avant-premières gratuites spécialement dédiée aux habitants du territoire, ainsi qu’aux structures éducatives, sociales, associatives et médico-sociales partenaires du Festival. Une belle manière de lancer les festivités.
Programme de la soirée
- 19h → They Always Come Back de Bouchra Ouizguen, performance participative avec des amateurs locaux, place du Palais des Papes (entrée libre).
- 22h → NÔT de Marlene Monteiro Freitas, dans la Cour d’honneur du Palais des Papes (billets gratuits à retirer).