Éthiopie : de « possibles crimes de guerre »

L’ONU exprime son inquiétude face à un conflit du Tigré « risquant de devenir incontrôlable ».

Il doit y avoir une enquête indépendante

Alors que des rapports font état de massacres dans la ville de Mai-Kadra, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a exprimé vendredi sa vive et croissante inquiétude face à la détérioration rapide de la situation dans la région éthiopienne du Tigré.

La Haut-Commissaire a averti que si les forces régionales du Tigré et celles du gouvernement éthiopien continuent sur leur lancée, « il y a un risque que cette situation devienne totalement incontrôlable ». Une issue qui pourrait entraîner « de lourdes pertes en vies humaines et des destructions, ainsi que des déplacements massifs à l’intérieur même de l’Éthiopie et au-delà des frontières ».

« Je demande instamment aux deux parties de réaliser qu’il n’y aura pas de vainqueur dans une telle situation et d’entamer un dialogue sérieux pour résoudre leurs différends sans délai », a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué.

Les services de la cheffe des droits de l’homme de l’ONU ont demandé une « enquête indépendante » sur les nombreux civils qui auraient été tués la région du Tigré en Ethiopie, où le pouvoir fédéral a lancé une opération militaire. « Bien que les détails du massacre présumé rapporté par Amnesty International à Mai-Kadra dans le sud-ouest du Tigré n’aient pas encore été entièrement vérifiés », a affirmé Mme Bachelet.

De « possibles crimes de guerre »

« S’il est confirmé qu’ils ont été délibérément perpétrés par une partie aux combats actuels, ces meurtres de civils équivaudraient bien sûr à des crimes de guerre, et il doit y avoir une enquête indépendante et une pleine reddition des comptes pour ce qui s’est passé », a indiqué la haute responsable onusienne.

« Cependant, la première priorité pour l’instant doit être d’arrêter les combats et d’empêcher que d’autres atrocités ne soient commises », a-t-elle ajouté.

Par ailleurs, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU a déclaré qu’en dépit de la rupture des communications avec le Tigré, qui rend difficile la vérification de l’étendue des dégâts à ce jour, elle avait reçu « des rapports de diverses sources suggérant une augmentation des frappes aériennes par les forces gouvernementales » ainsi que des « combats terrestres féroces » entre les forces opposées.

« Je suis également extrêmement alarmée par les informations faisant état de coupures d’eau et d’électricité essentielles, en plus du black-out des communications et du blocage de l’accès par route et par air », a-t-elle ajouté. Cela signifie qu’il y a déjà « un impact dramatique sur la population civile, en plus du risque de mort ou de blessure à la suite des hostilités ».

Mme Bachelet a réitéré son appel du 6 novembre aux deux parties pour qu’elles entament des pourparlers en vue d’une cessation immédiate des hostilités. Selon la Haut-Commissaire, « un conflit interne prolongé infligera des dommages dévastateurs tant au Tigré qu’à l’Ethiopie dans son ensemble, anéantissant des années de progrès vitaux en matière de développement ».

Le Nobel de la paix éthiopien autorise des massacres ?