Le Qatar pourrait devenir à court terme une province sous tutelle politique et économique de l’Arabie saoudite, comme il l’était avant son indépendance en 1971, époque où il était sous protectorat britannique.
La souveraineté du Qatar pourrait être remise en question
Le terrorisme invoqué par les saoudiens ne convainc personne. Dans le monde entier lorsqu’on parle de terrorisme le premier pays cité, à tort ou à raison, c’est l’Arabie saoudite. La véritable raison de cette guerre économique qui vient de commencer ce matin, 6 juin 2017, c’est l’existence même du Qatar. Placé sous tutelle de l’Empire Ottoman en 1871, puis sous protectorat britannique en 1916, le Qatar obtient son indépendance le 3 septembre 1971 après avoir refusé d’être intégré dans la Fédération des Emirats Arabes Unis.
Depuis 1995, époque où l’émir Hamad destituait son père pour conduire le Qatar vers le modernisme voire le futurisme, ce pays est devenu « indésirable » pour les saoudiens et les émiratis.
Jamais les saoudiens n’avaient envisagé sérieusement d’envahir le Qatar pour mettre fin à cet accident de l’histoire, selon eux, car les conditions n’étaient pas réunies. Ils ont tout tenté pour ramener le Qatar à « leur raison », mais ils n’y parviennent pas. L’arrivée de Donald Trump au pouvoir et la rencontre en tête à tête avec le roi Salman a permis de sceller le sort du Qatar malgré l’avis contraire de l’administration américaine. Le probable pacte est d’une simplicité que même Trump a compris. Le Qatar deviendra à court terme une province sous tutelle politique et économique de l’Arabie saoudite comme il l’était avant son indépendance en 1971, époque où il était sous protectorat britannique.
Les saoudiens n’acceptent même pas qu’il soit un émirat rattaché aux Emirats Arabes Unis. Les saoudiens demandent simultanément à Trump de diminuer au maximum l’influence de l’Iran au Moyen Orient et au-delà. Les contreparties pour Trump sont des contrats de plusieurs centaines de milliards de dollars sur 4 ans, la continuité de la base d’al-Udeid et quelques autres éléments que nous découvrirons dans les mois et années à venir.
A l’heure où nous parlons, ce 6 juin 2017, le Qatar croit encore qu’il va s’en sortir par une pirouette dont il a le secret. Il est peu vraisemblable que les koweïtiens qui jouent le rôle de médiateur arrivent à raisonner les saoudiens et les émiratis. Deux espoirs demeurent encore, les saoudiens se dégonflent, c’est encore possible. Et « la destitution de Trump » à la suite des révélations du patron du FBI, ce jeudi.
Historiquement le Qatar ferait bien de se préparer à un conflit comme il n’a jamais connu et ne pas sous-estimer ce qui est en cours. L’émir qui est personnellement visé dans cette affaire a un moyen de montrer son autorité en réponse à l’enferment économique de son pays. Les 198 000 égyptiens présents sur le sol qatari pourraient bien être les premiers à faire les frais de cette escalade conflictuelle dont les racines remontent à 1995 avec l’arrivée au pouvoir du père de l’actuel émir.