Prisonniers d’un monde qui ne convient pas

Il était une fois un monde avec le plein emploi, sans sida et sans terrorismes.

 

Il y a trop de gens qui n’ont plus rien à perdre

 Le 22 février 1848 à Paris, l’interdiction d’un banquet républicain met les gens dans la rue. Les femmes et les enfants en tête des manifestations réclament du pain ou du plomb car elles n’ont plus rien à perdre. Deux jours plus tard Louis-Philippe abdique, un gouvernement provisoire se met en place proclamant la République, l’abolition de l’esclavage,  le suffrage universel masculin et le droit au travail. Ce fut une République de courte durée mais pendant quelques mois l’utopie d’un monde « meilleur » fut dans tous les esprits.

Décembre 1971, mon père me réveille, « fils il faut aller travailler, alors, tu as encore changé d’employeur ? » Du haut de mes 16 ans, presque un homme, tout fier je lui réponds, « j’ai trouvé un patron qui paie mieux ».

J’ai eu la chance de connaître un monde avec le plein emploi, sans sida et sans terrorismes. Les patrons à l’époque mettaient en place une « prime d’ancienneté » pour garder leurs personnels. On faisait l’amour sans préservatifs et on n’avait pas peur d’un attentat terroriste. La « digue syndicale » se renforçait chaque un peu plus et on rêvait d’Europe, d’un Monde meilleur, de démocratie et même de Dieu. Je vous assure « Il était une fois un monde avec le plein emploi, sans sida et sans terrorismes. »

Quelques décennies plus tard, la « digue syndicale » a cédé en France, l’Europe montre son incapacité à peser dans le Monde, le sida est toujours là, le chômage règne, les capitalistes déciment des centaines de milliers de  familles en leur supprimant le droit au travail et des terroristes au nom de Dieu se multiplient semant la terreur. Il y a trop de gens dans ce Monde-là qui n’ont plus rien à perdre, ce qui les conduits parfois à faire des voyages « sans retours ». Il y a urgence à faire naître l’espoir car beaucoup me disent être « prisonniers d’un Monde qui ne leur convient pas ».