Les Emirats au cœur d’une révolte ouvrière

Les évènements vont s’accélérer dans le Golfe concernant la situation ouvrière insupportable. Aujourd’hui ce sont les Emirats, demain d’autres pays comme le Qatar. L’OIT portera sa part de responsabilité ainsi que les pays pourvoyeurs de main d’œuvre.

 

Deuxièmes sommations dans la guerre syndicale dans les pays du Golfe

 On attendait la révolte ouvrière au Qatar elle arrive aux Emirats Arabes Unis pour revenir au Qatar et dans tous les pays du Golfe à terme.

C’est le media Le Figaro qui ce matin dans sa nouvelle version « Premium », signale cette révolte qui est survenue ce samedi aux Emirats Arabes Unis.  « Des ouvriers ont incendié un site de construction et 17 véhicules aux Emirats arabes unis, indique aujourd’hui le quotidien The National. Cet acte fait suite à la mort d’un de leurs collègues, tombé du 5e étage d’un bâtiment. La thèse du suicide n’est pas écartée. »

Il y a quelques jours nous faisions part des premières sommations de la part d’ouvriers exaspérés de ne pas avoir le paiement de leurs heures supplémentaires à Dubaï. Il s’agissait sans doute d’un coup de colère, suite à des heures non payées par leur employeur. Aux Emirats Arabes Unis ou dans le Golfe, les expatriés n’ont pas le droit de manifester, car ils risquent au mieux de se faire expulser au pire de se retrouver en prison. Armés de leur seul courage, des centaines de travailleurs du secteur du bâtiment selon Rory Jones journaliste à The Wall Street Journal ont donc manifesté à Dubaï au centre-ville. Evénement rarissime, pris très au sérieux par la police locale, qui dit avoir traité le problème avec l’employeur indélicat en moins d’une heure. Comme on le voit sur la photo ci-dessous, le chef de la police de Dubaï, Khamis al-Mazyana n’hésite pas à prendre un mégaphone pour expliquer aux salariés en grève, la résolution de leur problème et la mise en place d’une hotline pour l’avenir, en cas de difficultés.

Travailleurs en lutte a Dubai 002

Mais las du nombre de morts,  cette fois-ci la révolte a été plus violente à Ras Al Khaïmah aux Emirats. Des pillages montrent qu’on s’éloigne du fait uniquement syndical et que « la haine monte ». Lorsque les travailleurs considèrent qu’ils n’ont plus rien à perdre car incapables d’agir sur leur destin, on peut craindre le pire.

 

L’OIT portera sa part de responsabilité ainsi que les pays pourvoyeurs de main d’œuvre

Ce qui vient de se passer ces jours-ci à l’OIT montre l’étendue du drame que vivent ces travailleurs expatriés, souvent asiatiques ou africains dans les pays du Golfe. Le Qatar a obtenu 6 mois de délais pour changer sa législation du travail. Grâce à la complicité des états gros pourvoyeurs de main d’œuvre d’Asie et d’Afrique, le Qatar ne modifiera pas le droit du travail dans l’immédiat.

Dans communiqué la CSI déclarait «  Par décision du conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail (OIT), le Qatar s’est vu accorder jusqu’à novembre pour procéder à la réforme de son système de visa par parrainage ou kafala, un régime qui s’apparente à de l’esclavage moderne, et mettre sa législation du travail en conformité avec les normes internationales… » « Le pays le plus riche du monde pourrait opter pour le changement mais au lieu de cela il a choisi de déployer son arsenal économique pour consolider son système corrompu durant encore six mois ».

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Le Qatar s’est servi de son poids financier vis-à-vis des autres gouvernements pour gagner un délai supplémentaire à l’OIT, et ce après des années de vaines promesses de mettre fin à son système esclavagiste. Et pour comble, les gouvernements de pays d’Asie et d’Afrique dont est issue une majorité des 1,5 millions de travailleurs migrants employés au Qatar refusent d’intercéder en faveur de leurs propres ressortissants. Un délai supplémentaire de six mois risque de coûter des dizaines de vies humaines alors que les migrants sont forcés de travailler sans relâche dans la chaleur inouïe des mois d’été, pratiquement sans protection et en étant à la merci d’employeurs qui pratiquent la kafala ».

Toutes les remontées du terrain que nous avons à « Qatarinfos.net » laissent présager que les évènements vont s’accélérer dans le Golfe, concernant la situation ouvrière insupportable.

Aujourd’hui ce sont les Emirats, demain d’autres pays comme le Qatar, tant que la révolte restera sur le terrain syndical des compromis pourront être trouvé. Mais comme les dirigeants de ces pays « jouent avec le feu », préférant gaspiller des centaines de millions dans une guerre avec le Yémen, au lieu d’aider ce pays et d’améliorer la situation des travailleurs dans le Golfe, il est possible qu’à tout moment des sommations syndicales ces expatriés passent à la révolte. Compte tenu du nombre qu’ils représentent dans des pays comme le Qatar ou les Emirats on peut craindre le pire.