Contenir les investissements des pays du Golfe en France est primordial

La polémique concernant le financement des réseaux islamistes par des pays du Golfe se dégonflera, mais celle qui touche à notre vivre ensemble pourrait s’amplifier. Regardons-nous du bon côté pour financer notre avenir ?

Nous sommes un pays ouvert à tous les vents

Stéphane Gatignon, maire de la ville de Sevran, dans le 93, indiquait dans l’émission « C’est dans l’air », avec le journaliste Yves Calvi,  que sur le territoire de sa commune vivaient ensemble plus de 130 nationalités. La France est pour beaucoup une terre d’accueil et malgré quelques difficultés, nous avons réussi à bâtir un vivre ensemble. Or depuis quelques années, il est mis à mal et les derniers évènements concernant Charlie Hebdo et ses suites, montrent que d’aucuns ne l’acceptent pas.

Quelques jours après ces évènements, une violente polémique sur le financement des réseaux islamistes s’est exprimée soit directement par la voix de quelques politiques soit plus sournoisement par l’attaque sur le territoire français d’édifices représentant l’islam. Cette polémique devrait s’estomper n’ayant pas réussi à rassembler comme dans d’autres pays. Toutefois les attaques contre les communautés religieuses musulmanes ou juives deviennent récurrentes et ceci devrait nous inquiéter. Pays prônant la laïcité, il ne saurait être question en France de limiter le choix du citoyen français ou des résidants. La séparation du fait religieux et de l’état ne peut se concevoir que si l’état protège l’expression de tous les croyants et non croyants.

Il est plus facile de construire un avenir avec des valeurs communes

La difficulté qui apparait bien souvent dans les discussions est l’observation de ce qui se passe ailleurs et notamment dans les pays du Golfe. Le wahhâbisme que prônent des pays comme l’Arabie saoudite et le Qatar est aux antipodes de notre vivre ensemble. Et même si les philosophes nous convient à aller sur la dune d’en face pour essayer de comprendre leur façon de vivre ensemble, force est constater que le manque de démocratie, la place de la femme, les châtiments corporels … nous choquent et nous mettent mal à l’aise. Nous avons beaucoup trop de différences dans le vivre ensemble pour établir des passerelles entre nos deux mondes sans prendre certaines précautions. Il n’est pas surprenant que dans les deux camps, les fanatismes trouvent matière à se développer. La peur que ce wahhâbisme demain envahisse nos villes et campagnes, est utilisée pour alimenter la haine.

Ce qui vient compliquer notre vivre ensemble, dans notre belle France, est l’image que nous avons des politiques qui nous représentent. Bon nombre de français a l’impression que la France est vendue en petits morceaux à ces pays. Notre site qui parle en premier lieu du Qatar est bien placé pour entendre d’énormes bêtises concernant le nombre et le montant de ces investissements. Finalement lorsqu’on cumule nos différences et l’ignorance de la réalité de la présence des pays du Golfe en France, on peut imaginer que dans certaines têtes il y a plus que de l’incompréhension.

On peut aisément imaginer ce que d’aucuns diraient aujourd’hui si des projets importants avaient été financés dans nos banlieues par des fonds émanant de ces pays. La tendance actuelle de l’ensemble de l’appareil politique français à vouloir rechercher le manque de liquidités pour notre économie dans le Golfe est préjudiciable à notre vivre ensemble et alimente le rejet du « politique » français. Alors que penser lorsque le député européen, Florian Philippot déclare- « il est anormal «que toutes les élites françaises UMP et PS (fassent) le voyage de Doha (la capitale du Qatar, ndlr) tous les quinze jours. Qu’est-ce que ça cache? J’espère qu’on ne va pas découvrir un vaste réseau de corruption».

La question que l’on peut aussi se poser est de savoir si nous regardons du bon côté pour financer notre avenir ? La construction d’une véritable Europe dans laquelle nous avons certes quelques différences mais où nous partageons de nombreuses valeurs communes, permettrait assurément de dégager les moyens qui nous font défaut aujourd’hui pour assurer notre avenir.