Le conflit entre le Hamas et Israël est-il réellement fini ?

Un retournement de posture de Netanyahou et du Hamas pas très crédible à long terme sauf si le Hamas change de cap. Puisque l’échec de la stratégie des tunnels est consommé, le Hamas doit mettre sur le tapis la dernière carte qu’il lui reste, la carte économique en collaboration avec l’Autorité palestinienne et le financement du Qatar.

Le cessez-le feu, sans une stratégie nouvelle du Hamas, ne peut durer

En quelques heures ce qui était impossible est devenu réalisable. Plusieurs constats de la part des dirigeants du Hamas l’on conduit sans doute à un probable changement de stratégie. En premier lieu, le lancement des roquettes ne peut déstabiliser à long terme Israël. La preuve est faite depuis un certain temps, en outre il y a eu déstockage massif de roquettes et la destruction assez importante des lanceurs. Le réarmement demandera du temps.

Le Hamas est conscient que les roquettes ne suffisent pas, c’est pour cela qu’il avait développé le réseau des tunnels pour les transformer en « armes d’interventions directes en Israël ». Cette idée hautement stratégique s’est avéré un échec. Israël a attendu jusqu’au dernier moment avant d’intervenir, laissant le Hamas investir massivement dans cette nouvelle formule de tunnels qui ont coûté très cher et asphyxié économiquement la bande de Gaza.

Le Hamas avait aussi sous-estimé la présence « d’indics au service d’Israël » parmi la population de Gaza. La précision de certaines frappes sur des lanceurs de roquettes ou des caches d’armes ou l’existence de certains tunnels, ne peut s’expliquer que si Tsahal, l’armée israélienne,  avait des espions sur place. Il y a quelques jours plusieurs dizaines de ces indics ont été passé par les armes venant ainsi confirmer cette hypothèse.

La seule porte de sortie possible pour le  Hamas aurait été  de faire alliance avec une organisation comme l’Etat islamique à court terme, mais ni sur la forme ni sur le fond elle aurait été comprise par la population de Gaza, par les autres palestiniens et par les financeurs du Hamas comme le Qatar ou l’Iran.

Fort de ces constats, le Hamas s’prête à prendre la dernière initiative qu’il lui reste, l’économique. Pour cela il fallait trouver un banquier prête à payer est avoir un minimum de souplesse pour reconstruire Gaza et faire du commerce. Le rendez-vous pris entre l’émir Tamim du Qatar, Abbas pour l’Autorité Palestinienne et Khaled Mechaal pour le Hamas avait aussi comme objectif de parler de ce scenario.

Si un tour de table international peut être envisagé demain, pour trouver des sommes importantes pour reconstruire Gaza, le Qatar lui est prêt à faire beaucoup plus pour un décollage économique de Gaza. Il restera pour le Qatar à convaincre l’administration américaine et Obama qui pourrait ici marquer un point crucial sur sa capacité à régler des conflits au moment où il a décidé de rejouer une petite partition des USA sauveur du monde libre en frappant en Irak, l’hydre Etat islamique. Les américains ayant la  charge de faire pression sur Netanyahou qui vient de comprendre que certes la guerre lui permet de gagner du temps de calme mais qu’au niveau international l’image d’Israël se dégrade un peu plus chaque jour.

Le Qatar a besoin de cette reconstruction comme le Hamas a besoin d’une porte de sortie, car après les « cris de victoire », pour le moins excessifs, viendra l’heure des bilans. Si Israël est le grand perdant car rien n‘est résolu, le Hamas ne gagne rien si économiquement il n’y a pas de solution. Le Qatar a besoin impérativement d’améliorer son image de marque et d’éviter un grand débat sur le financement des groupes dits « terroristes ». Le Qatar ne peut laisser supposer que l’Arabie saoudite qui pilote l’Egypte a aussi sur ce dossier pris la main.

Nous verrons dans les jours à venir si le Hamas a mis sa dernière carte sur le tapis, devenant plus gestionnaire du devenir de Gaza en collaboration avec l’Autorité palestinienne ou que tout cela n’est qu’une vaste mascarade avant un prochain conflit.