Les sables mouvants de la politique tunisienne

Un deuxième assassinat en six mois, la grève générale, l’asphyxie économique de la Tunisie, et la remise en question de la constituante entrainent le peuple tunisien vers des sables mouvants.

 

Un assassinat ciblé

Le crime de Mohamed Brahmi est un crime calculé ; le jour, la personne, les réactions que cela susciteraient, la méthode, tout a été réfléchi par le groupe qui a commandité cet assassinat. La voix des leaders internationaux est forte car ils savent que le pays Tunisie s’enfonce dans la violence. Jusqu’à maintenant le meurtre politique n’avait pas pignon sur rue en Tunisie.

Lorsque il y a 6 mois l’assassinat de Chokhi Belaïd n’a pas été résolu, cela a suscité une émotion populaire car beaucoup de tunisiens ont pensé que les dirigeants politiques d’Ennahda couvraient les meurtriers, vrai ou faux, l’opinion est bien installée dans leur tête. L’emploi de la même méthode vient donc confirmer « la décapitation d’une opposition possible ».

La grève générale contre un crime odieux

Rien de plus logique pour une des forces les plus puissantes du pays que d’essayer de sauvegarder ce qu’il reste de la transition démocratique et d’indiquer que « l’assassinat politique » n’a pas raison d’être en Tunisie. Les syndicalistes savent que sans  démocratie le syndicalisme a du mal à s’exprimer. Le monde du travail est conscient que le pays est au bord de l’asphyxie économique par une arrivée minime des touristes et par l’abandon probable des quelques « projets » internationaux si la crise venait à s’amplifier.

 

La remise en question de la Constituante trouble la situation

L’exploitation politique dans les premiers instants de la mort de Mohamed Brahmi a été particulièrement « choquante ». La demande de l’arrêt de la Constituante sonnait comme une récupération politique même si depuis plusieurs semaines la révolte grondait. La question que les observateurs se posent est «  à qui profite le crime ? »

Plusieurs pistes possibles, sans doute la première mise en avant est le groupe islamiste que personne ne contrôle, bien utile à tous, sauf que ces « gens-là » sont toujours aux ordres de quelqu’un, le mouvement Ansar Al-Charia est aujourd’hui désigné comme une des pistes.

Le meurtre commandité par « les frères » et exécuté par leur branche secrète, possible si le gouvernement veut installer « la terreur » dans le pays en supprimant quelques membres de l’opposition, mais la pression internationale « exigera » une enquête aboutie et rapide faute de quoi tous les moyens financiers vont se tarir, piste possible mais très risqué pour le gouvernement actuel.

Les tenants de l’ancien régime, n’ayant pas digéré leur éviction, piste probable, puisque c’est le chaos qui est recherché cela veut dire aussi que le spectre des assassinats s’élargira au-delà de l’opposition.

Une force externe au pays qui œuvre à déstabiliser non seulement la Tunisie mais aussi l’Egypte voir d’autres pays demain, et d’autres pistes moins probables mais possible.

Ennahda a tout intérêt à trouver les coupables car même si la situation est différente de celle de l’Egypte à chaque heure qui passe la Tunisie et ses politiciens s’enfoncent  dans des sables mouvants.