Le Qatar préfère la voie judiciaire à la négociation pour mettre fin à son boycott

Justice

Le Qatar n’entend toujours pas les demandes du quartet. Voilà un pays qui se veut le médiateur du Moyen Orient et qui est incapable de passer au stade négociation, il préfère la piste juridique.

Le boycott est illégal selon le Qatar, une piste qui conduit à l’impasse

L’émir du Qatar quand il a une idée derrière la tête, il a du mal à changer d’opinion, même lorsqu’il va droit dans le mur. Conseillé par des juristes dans l’affaire du boycott de son pays, il continue à crier haut et fort que ce boycott est illégal. Les conclusions de la commission d’enquête du Parlement britannique qui s’est rendue au Qatar, rapportée par The Peninsula apparemment iraient dans ce sens. Nous verrons bien ce que diront les députés britanniques lorsque le rapport de cette commission parlementaire leur sera soumis.

Le problème auquel est exposé l’émir du Qatar, figé dans cette posture, c’est que ses adversaires considèrent qu’ils sont dans leurs droits de ne pas vouloir faire commerce avec le Qatar, car il le jugent « infréquentable ».

Peut-on parler d’un véritable boycott ?

Alors que le conflit entre l’Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Egypte contre le Qatar va rentrer dans son cinquième mois, lorsqu’on examine de prêt ce boycott, il est loin d’être total est imperméable. Ce matin, dans un de nos articles nous indiquions que les importations au mois d’août 2017 reprenaient, même si elles sont en baisse de 8 %. Au niveau international, notamment en France, des amis du Qatar, ne cessent d’indiquer que le Qatar n’est pas atteint par ce boycott et qu’il serait même une opportunité.

Et puis il y a l’affaire du Sultanat d’Oman. Si le boycott était total, jamais le quartet n’aurait autorisé le Qatar à établir dans le Sultanat d’Oman  une base portuaire avancée lui permettant de recevoir ses marchandises venant du monde entier.

Reste l’aspect humain, les séparations inacceptables des familles ou la possibilité de voyager entre pays du Golfe atteints par cette crise. Puisque le Qatar veut favoriser un scenario juridique, on peut considérer qu’il porte une bonne partie de la responsabilité de cette impasse. Les boycotteurs peuvent très bien dire, nous attendons une décision de justice sur le sujet.

Mais qui peut juger cette affaire et dans combien d’années ?

Sur le fond, si des pays craignent pour la sécurité de leurs concitoyens, ne sont-ils pas dans l’obligation de les protéger ? Or, les boycotteurs mettent en avant ce sujet, avec de nombreux arguments. Sur la forme, quelle est l’instance internationale qui a le pouvoir de juger une telle affaire ? L’ONU ? On attend avec impatience l’argumentation des avocats qatariens sur la possibilité de cette instance à pouvoir juger le ressenti de plusieurs pays en matière de sécurité.

En matière juridique, il est peu probable qu’une telle affaire puisse être jugée avant 5 ans dans le meilleur des cas et même si une décision était prononcée serait-elle applicable ?

Bref, l’émir  s’entête dans une voie sans issue qui a comme conséquence de faire durer cette affaire dans le temps et donc de s’exposer à un dérapage transformant la crise en conflit. Dire partout que l’on souhaite clore cette crise par la négociation et ne faire aucune proposition affaiblit durablement les instances dirigeantes du Qatar et en particulier l’émir de ce pays. Or, dans cette histoire c’est bien lui et sa stratégie qui est visé.