Le Qatar veut séduire les opinions publiques

La force du Qatar est sa puissance de communication, la faiblesse du Qatar est que derrière la communication il y a un énorme vide.

Les illusionnistes qatariens

Lorsque les israéliens ont permis à Al Jazeera de s’installer sur leur territoire les relations entre le Qatar et Israël étaient cordiales. Ce matin, le premier ministre israélien, selon le media 20minutes, « accuse la chaîne d’attiser les tensions autour des lieux saints. Benjamin Netanyahou  a annoncé mercredi qu’il voulait expulser Al-Jazeera, basée au Qatar, qui « continue d’inciter à la violence à propos du Mont du Temple [l’esplanade des Mosquées pour les Palestiniens] ».

La naïveté des politiciens israéliens me surprend, l’attitude de Al Jazeera était inscrit dans l’histoire, les journalistes de cette télévision qatarie sont des grands professionnels mais avant tout des militants. Ceci devrait apporter un peu d’eau au moulin des 4 boycotteurs du Qatar. Les américains moins naïfs que les israéliens ont laissé Al Jazeera s’installer aux USA et puis l’ont plumé avant de lui tordre le cou définitivement.

Le Qatar veut séduire les opinions publiques internationales en utilisant sa plus grande force, la communication. Un regard attentif montre rapidement que cette envie d’être un leadership au niveau mondial ne s’appuie pas sur un Qatar Intérieur, modèle international, il n’ y a pas de pas de démocratie, les droits de l’homme régulièrement bafoués, les droits de la femme à construire, les droits des travailleurs insuffisants, une presse muselée, une justice moyenâgeuse… Vous me direz comme la plus part des autres pays du Golfe persique, et vous avez raison. Mais les autres pays du Golfe ne passent pas leur temps à vouloir conquérir le monde.

Il faut bien admettre que les qatariens sont de grands illusionnistes, ils viennent de réussir un sacré coup de communication en invitant à Doha de nombreux journalistes et organisations comme : la Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’ONG Article 19, des syndicats et associations de journalistes, des universitaires.

En lisant l’intervention du président du Comité national des droits de l’homme au Qatar, une organisation para-étatique j’ai failli m’étrangler de rire « En défendant Al Jazeera, vous avez défendu un principe fort en matière de droits humains qui est la liberté d’expression et le droit des individus à l’information, a déclaré aux participants, Ali Ben Smaikh Al-Marri. »

Je ne me souviens pas que ce monsieur soit intervenu publiquement pour défendre le seul media libre et local du Qatar « Doha News » lorsqu’on lui a supprimé sa licence ? Si les israéliens sont des naïfs comment peut-on qualifier tous ces journalistes qui ont couru à Doha ?

Au-delà de la nécessaire communication pour un pays pour partager son image, il faut du contenu et des valeurs et non pas de vagues promesses. Le Qatar doit accélérer son rythme de reformes s’il veut jouer à l’international or il n’en prend pas le chemin.

Lorsque j’enseignais la communication, j’indiquais qu’entre la communication et la propagande le sentier qui séparait les deux territoires était étroit. Le Qatar est quant à lui le plus souvent sur le territoire de la propagande et l’opinion internationale l’a bien compris donc sa conquête sera difficile.

Dans le cas d’Al Jazeera, tant qu’il n’y aura pas en interne quelqu’un qui reprend la ligne éditoriale et qui tienne tête aux consignes des autorités qatariennes, Al Jazeera restera avant tout une télévision militante.