Al Arabiya pourrait remplacer Al Jazeera, si le Qatar plie

Parmi les 13 demandes saoudiennes et Cie envoyées au Qatar pour arrêter la crise commencée le 5 juin 2017, celle de la fermeture d’Al Jazeera est en bonne place. La chaîne saoudienne Al Arabiya se prépare à prendre la relève le cas échéant.

Al Jazeera dérange autant que le Qatar

Au moment de la crise de 2014 entre pays du Golfe arabique, le cas Al Jazeera avait déjà été mis sur la table notamment à cause de l’émission de Qaradaoui, ce dignitaire des Frères musulmans qui ne manquait aucune occasion de pointer du doigt ce qui le dérangeait aux Emirats arabes unis, en Egypte… On peut considérer que dès le début de son existence, par la volonté de l’émir Hamad en 1996, cette chaîne télévisée en arabe et puis aussi en anglais, s’est heurtée à ses concurrentes du Golfe, comme Al Arabiya qui fut créé en 2003 justement pour contrer Al Jazeera. Al Arabiya est une chaîne télévisée d’informations à vocation mondiale appartenant à un saoudien qui émet depuis les Emirats arabes unis mais qui n’a pas l’audience d’Al Jazeera.

Personne n’a été particulièrement étonné de voir que parmi les 13 demandes pour mettre fin à la crise démarrée le 5 juin 2017 entre l’Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn et Egypte contre le Qatar, la fermeture d ‘Al Jazeera figure en haut de la liste. Comme l’indique Rfi.fr, Al Jazeera a dénoncé cette demande « Tout appel à la fermeture d’al-Jazeera n’est qu’une tentative de faire taire la liberté d’expression dans la région »

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, vient de tenir les même propos que les responsables d’Al Jazeera comme le rapporte le journal Le Point.fr « L’exigence d’une fermeture (…) est, à notre avis, une attaque inacceptable du droit à la liberté d’expression et d’opinion

Le militantisme d’Al Jazeera dérange autant que la vision du Qatar en matière de politique étrangère, les dirigeants qatariens et ceux de la chaîne télévisé, parfois les mêmes, ont poussé leur vision aussi loin qu’ils pouvaient. Or, dans un rapport de force on a toujours du mal à percevoir à quel moment, quittant le sol ferme, vous vous trouvez dans le vide. Est –ce le cas pour le Qatar et Al Jazeera ? Ce qu’on peut imaginer à 48 heures de la fin de ce premier ultimatum lancé par les saoudiens et Cie, c’est que Al Arabiya a ressorti de ses cartons, un important plan de développement pour prendre la place d’Al Jazeera au cas où le Qatar plie.