Les promesses non tenues du Qatar seraient à l’origine de la crise de juin 2017

Tamim et son père Hamad
Tamim et son père Hamad une soft succession

Il y a de vieilles histoires entre pays du Golfe mais l’agacement s’est transformé en colère, car le Qatar ne tenait pas ses promesses de 2013 et 2014 et puis il y a eu la rançon pour la libération des chasseurs en Irak, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.

Quand la moutarde monte au nez

A écouter certains responsables saoudiens ou émiriens le Qatar fait de belles promesses mais il ne les tient pas. Certes il y a quelques vielles histoires comme les enregistrements entre responsables qatariens et Mouammar Kadhafi mais ce n’est pas là l’essentiel. Lorsque l’émir Hamad avait démissionné en 2013 pour laisser sa place à son fils Tamim, des engagements avaient été pris.

L’émir Hamad et son premier ministre HBJ avaient jeté de l’huile sur le feu des « Printemps arabes » laissant les saoudiens perplexes. Cette attitude apportait de l’eau au moulin, de ceux qui auprès du Roi Abdallah d’Arabie saoudite défendaient l’idée que la Qatar était fondamentalement hostile aux autorités saoudiennes.  Ils disaient au roi Abdallah que Hamad en destituant son père avait montré son « vrai visage » et on ne pouvait pas lui faire confiance. Lorsque les saoudiens persuadèrent Obama qu’il fallait « démissionner l’émir Hamad » ils acceptèrent Tamim, car celui-ci en apparence était plus conservateur que son père.

Nous fumes parmi les premiers à dénoncer ce rapprochement, car pour nous à « Qatarinfos.net, » il tournait le dos trop profondément à la stratégie de l’émir Hamad. L’émir Tamim ne pouvait pas effacer d’une baguette magique le propos de l’émir Hamad : Je me méfie autant de l’Arabie saoudite que de l’Iran, »car c’est ce que pense en profondeur la société qatarie.

Une continuité dans la politique étrangère, malgré une forme parfois différente

Sur le fond Tamim devenu émir as-t- il réellement fait évoluer en profondeur son pays sur ses 4 ans de règne. Pour les saoudiens et émiriens la réponse est évidemment non. C’est bien la politique étrangère du Qatar qui continue à les inquiéter. Peut-il en être autrement, alors que Tamim depuis plus de 13 ans trempe dans tous les dossiers délicats, tant dans le Golfe, au Moyen Orient et parfois plus loin encore ? Le fils fait différemment de son père sur la forme mais sur le fond la conquête virtuelle, mais aussi quelques fois  réelle, du monde par le Qatar est toujours là. L’accord de mercredi du 14 juin 2017  sur la vente de F-15 par les américains au Qatar montre bien que ce pays entend bien être présent sur la planète et dans les pays stratégiques.

C’est comme l’affaire des Frères musulmans, les Emirats Arabes Unis s’excitent depuis des années à propos de la Confrérie, tout comme depuis peu l’Egypte, en voulant les faire passer pour des « terroristes ». Or aux dernières nouvelles, les américains et de nombreux pays n’ont toujours pas mis la Confrérie sur la liste des terroristes. Non seulement, les Frères musulmans sont soutenus officiellement ou officieusement par plusieurs pays, mais pour les américains ils représentent encore la « seule » issue politique en cas d’effondrement du pouvoir saoudien, ce qui est toujours d’actualité. Une sorte de plan B au Moyen Orient.

Alors pourquoi voulez-vous que le Qatar aille plus loin envers la Confrérie ? Il est regrettable que les Frères musulmans tardent à corriger leur projet d’un islam politique notamment après la pitoyable prise de pouvoir en Egypte, où ils se sont fait voler « leur expérience démocratique» tant par les militaires égyptiens que par les saoudiens mais aussi par leur impréparation à la gestion du pouvoir. Il va bien falloir moderniser leur vision concernant l’équilibre à trouver entre politique et religion.