La stratégie suicidaire du Qatar

Alors que l’émir du Qatar va fêter ses 4 années de pouvoir, on peut s’interroger sur sa vision internationale. L’accumulation d’erreurs stratégiques aux US, en Egypte, en France,  ou en Turquie conduit ce pays dans une impasse. Ses voisins risquent de réagir.

Le Qatar n’a rien compris aux américains

 Les états et les entreprises européens commencent à comprendre que travailler aux Etats Unis d’Amérique ce n’est pas une sinécure. Très régulièrement les grandes sociétés se font piller leurs avoirs car elles doivent faire face à une justice qui semble trop enclin à défendre avant tout les intérêts américains. Le Qatar qui se vante d’être le plus grand investisseur à New York ne devrait pas tarder à subir à son tour une action juridique, d’aucuns cherchent la petite faille par laquelle s’engouffrer et ils finissent toujours par trouver. Le Qatar malgré les dires de son émir, lors de son arrivée au pouvoir, il prônait l’humilité, n’a rien compris aux américains. Ce qui fait la force des entreprises étrangères travaillant aux USA c’est avant tout la compétence et l’humilité. Si le Qatar s’entoure assez souvent de cette compétence, il est connu pour ne pas être très humble.

Le Qatar a un véritable ennemi, le président Al Sissi

On pourrait disserter pendant des heures sur la prise de pouvoir d’Al Sissi en Egypte mais force est de constater qu’il a été élu comme le fut en son temps le président Morsi. On peut dire que les Frères Musulmans qui avaient fait gagner Morsi ont fortement contribué à leur propre échec, car ils n’avaient pas préparé cette prise de pouvoir et ils ont été abandonnés par Obama qui a laissé faire l’Arabie saoudite et ses satellites dont le Qatar ne fait pas partie.

Le Qatar n’accepte toujours pas l’arrivée au pouvoir d’Al Sissi. Le président égyptien ne fait rien non plus pour arranger les choses, car il n’accorde aucune confiance aux qatariens en particulier depuis que la Qatar a conclu une alliance avec les turcs. Les saoudiens et leurs satellites, grands financiers des égyptiens, ne font pas le nécessaire pour que cette situation évolue, pire à ce jour, le Qatar a un véritable ennemi, Al Sissi.

En France le Qatar se met en danger

Après avoir mis le bazar dans le sport télévisuel grâce à beIN Sports, voilà que le Qatar veut monter au capital de Lagardère. Or, à vouloir augmenter sa participation chez Lagardère SCA, la filiale de Qatar Investment Authority, Qatar Holding LLC, risque de mettre le feu aux poudres. Il est déjà le premier actionnaire et contrôle au 28 avril 2017, près de  16,69 % des droits de vote. Les français globalement ne sont pas opposés aux investissements des qatariens tant qu’ils ne pèsent pas sur la stratégie de nos entreprises ou de tout un secteur économique. Il y a une véritable crainte pour beaucoup que le Qatar se transforme en prédateur économique en France.

L’émir du Qatar et le président turc

Si le projet « Tamkine » des Frères musulmans a été travaillé en Suisse où résident de nombreux savant de la Confrérie, il fallait un homme capable d’accepter un destin peu ordinaire. Pour convaincre Erdogan qu’il devait être porteur du Tamkine de la Confrérie, le jeune émir du Qatar fut envoyé en son temps pour faire alliance. Un grand pays comme la Turquie, un argentier comme le Qatar, malgré la crise des hydrocarbures, et la force de la Confrérie des Frères Musulmans dans les pays du Moyen Orient et au-delà, l’ensemble devient consistant. Erdogan connaît sans doute la citation de Jeremy Kitson « Le destin n’est pas une question de chance, c’est une question de choix. Ce n’est pas une chose à être attendu, il est une chose à atteindre. » Pour soutenir la Turquie, sans retenue, le Qatar aura un prix élevé à payer auprès de la communauté internationale, car Erdogan est capable de se mettre au ban de l’ensemble de la société.

Quatre ans après avoir remplacé son père, l’émir du Qatar fait prendre une voie suicidaire à son pays. L’Arabie saoudite qui a destitué son père, en utilisant les américains, pourrait bien cette fois-ci aller encore plus loin est remettre en cause la souveraineté même du Qatar.