Qatar 2016, un cocktail explosif se met en place

Dans un des pays les plus riches au monde, le Qatar, une partie de la population de souche voit sa part de richesse diminuer. Les ingrédients d’une révolte à moyen terme viennent d’être semés.

Du haut des tours de Doha on ne voit pas la misère germer

 Toujours dans le cadre de notre rétrospective sur l’année 2016, voici ce que nous indiquions en mars et la tendance qui en découle.

On constate depuis quelques années et notamment depuis l’arrivée de l’émir Tamim et ses équipes, un éloignement entre certaines grandes familles qui gèrent le Qatar avec le reste des qatariens. On peut considérer qu’un tiers des 255 000 qatariens aura perdu du pouvoir d’achat en cette année 2016. Pourtant, certaines voix s’étaient élevées pour signaler cet état, nous écrivions en mars 2016, « trop de qatariens risquent de décrocher ».

La catastrophe a été évitée partiellement lorsque le premier ministre et l’émir ont confirmé, en décembre, la continuation d’activité des petits magasins (baqalas) , aux mains d’une partie de la classe moyenne du Qatar. Quelques stratèges qui conduisent le Qatar dans une impasse avaient soutenu le contraire.

Au choc générationnel qui augmente l’incompréhension entre les dirigeants du pays et de nombreuses familles, il faut ajouter le manque évident de démocratie et d’expression à tous les niveaux. Le commando qui dirige le pays, trop préoccupé par les enjeux économiques et un politique étrangère suicidaire, en oublie souvent de communiquer en interne. Plus grave encore, il n’est pas à l’écoute du seul organisme élu démocratiquement, le Conseil Municipal Central (CMC).

 Certes, ce mois de mars 2016 est marqué par la libération du poète Mohammed Rashid Al-Ajami.

Mais personne n’est dupe,  le droit à la parole va payer un lourd tribut en cette année 2016, avec le report à nouveau des élections législatives et l’interdiction à fin novembre du seul média indépendant local Doha News.

Du haut des tours de Doha on ne voit pas la misère germer, la fracture économique augmente et la liberté d’expression diminue dans le pays, un cocktail explosif qui pourrait bien réveiller les vieux démons du Qatar.