Doha 16 mars 2016, trop de qatariens risquent de décrocher

L’émir Tamim doit faire quelques gestes pour redonner confiance au pays.

 

Qatar, un gouvernement trop loin des préoccupations de la population qatarie

Les experts du Qatar ont longtemps vanté les liens entre l’émir du Qatar et le gouvernement avec la population qatarienne hors expatriés. Mais cela est-il encore vrai ?

On constate depuis quelques années et notamment depuis l’arrivée de l’émir Tamim et ses équipes, un certain éloignement entre les grandes familles qui gèrent le Qatar avec le reste des qatariens. Cela risque même de s’aggraver par la moindre répartition des richesses, à cause de la baisse des prix des hydrocarbures. Trop de qatariens risquent de décrocher. On peut considérer qu’un tiers des 250 000 qatariens voit en cette année 2016 un avenir morose. Ils n’ont pas su pendant la décennie qui vient de s’écouler amasser le matelas nécessaires pour passer quelques années difficiles. Ils ne se sont pas assez engagés dans le secteur privé, hors hydrocarbures, lieu où existe encore des marges. Le mauvais temps économique pourrait faire grandir ce nombre de qatariens qui se marginalisent.

Au choc générationnel qui augmente l’incompréhension entre les dirigeants du pays et de nombreuses familles, il faut ajouter le manque évident de démocratie. Le commando qui dirige le pays, trop préoccupé par les enjeux économiques, en oublie souvent de communiquer en interne. Plus grave encore, il n’est pas à l’écoute du seul organisme élu démocratiquement, le Conseil Municipal Central (CMC) qui donne son avis sur les lois et décrets touchant la planification urbaine et industrielle, les infrastructures, la voirie, la gestion des affaires municipales et agricoles… Plusieurs éléments concourent donc à creuser la fracture entre qatariens.

Depuis hier, il se dit que le poète Mohammed Rashid Al-Ajami pourrait être libéré. Message à l’international, certainement, mais aussi en interne, même si quelques grandes familles sont mécontentes de cette probable libération. L’émir Tamim et son gouvernement doivent œuvre dans cette période difficile pour le pays, pour une société plus apaisée. Un geste important serait la présence de l’émir, en tant qu’invité, lors d’une prochaine réunion du CMC (Conseil Municipal Central), pour qu’il puisse écouter le quotidien des qatariens. Et puis, le temps est venu de reprendre le chantier des élections législatives pour redonner vie à la parole. En période de crise économique, il faut faire preuve d’imagination.

S’il s’avère que la libération du poète Mohammed Rashid Al-Ajami est réelle, c’est un premier pas de la part de l’émir Tamim al Thani pour redonner confiance au pays, d’autres sont attendus.

Ce soir le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme et  Amnesty  International  confirment cette libération.