Quand deux corps chimiques se combinent, tous deux subissent une altération

Une économie qui repose à 54 % sur le gaz et ses dérivés comme le Qatar n’est pas à l’abri de grandes difficultés économiques. La course engagée par ce pays, pour diversifier son économie, emprunte des pistes pour certaines avec des réussites probables mais pour d’autres comme le tourisme demeurent peu fiables.

Le Qatar n’a pas toujours été un pays riche

Sur les cinquante dernières années le Qatar a connu des moments difficiles. La prospérité que nous lui connaissons aujourd’hui date de moins de dix ans. Comme l’indique Mehdi LAZAR, expert du Qatar, dans « La revue géopolitique on line, » « Le QATAR fait partie des nouveaux acteurs étatiques dynamiques qui bénéficient du processus de globalisation et du basculement du monde vers l’Asie, notamment depuis la crise financière de 2008. Dans le cas spécifique de l’émirat à la perle, cela s’inscrit dans un contexte de forte hausse de son PIB suite à l’augmentation des prix des hydrocarbures durant la décennie 2000 et à ses investissements dans des infrastructures de production de gaz naturel liquéfié. »

Ananthakrishnan Prasad est le conseiller spécial Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, en charge notamment du Qatar. Lui, s’interroge sur la masse de capitaux à mobiliser pour les infrastructures et la Coupe du monde 2022. Il faut souhaiter que le marché du gaz ne se retourne pas car le Qatar pourrait être amené à faire des choix. Il s’interroge sur la stratégie des investissements à l’étranger. Pour l’instant le Qatar n’a aucun problème de liquidité bien au contraire puisque il prête mais comme l’essentiel de l’économie et basée sur le gaz et ses dérivés cela n’est pas rassurant.

Pourtant dans une analyse récente, Abdelwahid Henni un consultant de ce secteur s’exprimant dans le media « Liberte-algerie.com » se veut rassurant pour l’avenir du gaz, en particulier du GNL dont le Qatar est un des plus grands producteurs au monde. Voici ce qu’il déclare en préambule, « Actuellement, le gaz n’est pas une énergie de transition mais une énergie installée, ceci est expliqué en grande partie par l’abondance et la disponibilité des ressources. En effet, la demande en gaz naturel, au niveau mondial, augmente de 3% depuis plus de 20 ans et, en 2030, le gaz naturel se hissera au 2e rang du mix énergétique mondial (25%), derrière le pétrole (28%) et devant le charbon (21%). Ainsi, le gaz est l’énergie fossile dont la progression serait la plus dynamique dans les décennies qui s’annoncent et le gaz naturel liquéfié (GNL) sera un élément déterminant de cette montée en puissance, notamment en réponse à la demande asiatique et européenne.

Tous les experts ne partagent pas le point de vue d’Abdelwahid Henni sur l’importance du gaz en 2030. La part du charbon semble sous-estimée. Pour rappel en 2013 le charbon représentait 34 % de la consommation mondiale dont 52 % pour la Chine, il supplante largement le pétrole qui est à 29 %, le Gaz à 20 %, les Hydrocarbures, nucléaire, solaire et autres 9 % et la Biomasse 8 %. Au-delà de l’infatigable bataille des chiffres, on peut aussi imaginer une croissance mondiale durablement installée à la baisse ou une baisse sensible du baril de pétrole.

Une nécessaire diversification de l’économie qatarie

Le Qatar a quelques réussites dans l’ouverture de son économie, le secteur financier en est un des témoins. Il est possible que le sport en premier lieu le football devienne à moyen terme directement et indirectement un fer de lance de l’économie qatarienne. Mais il y a des secteurs qui interrogent fortement quant à leur réussite en particulier le « Tourisme ».

Alors que l’offre locale, dans les pays du Golfe,  est déjà abondante, le Qatar veut s’insérer dans ce marché qui peut sembler porteur. Lorsqu’on examine ce qui se passe en Egypte où en Tunisie on peut en douter. Pour s’ouvrir au tourisme un pays doit accepter la nécessaire formule « quand deux corps chimiques se combinent, tous deux subissent une altération. » Or dans les mentalités qataries c’est loin d’être le cas. On peut vouloir parquer les touristes sur des iles ou des lieux appropriés, la formule existe et c’est loin d’être une réussite. Les autorités qataries connaissent l’autre formule, un échange des touristes avec la population. Or, au Qatar c’est impossible, la population de souche n’est pas disponible pour accueillir ces voyageurs, elle a souvent autre chose à faire, fonctionnaires, entrepreneurs… Un tourisme où l’accueil des voyageurs ne serait seulement le fait de travailleurs étrangers, au-delà de leur compétences reconnues, ne permettra pas un véritable échange avec les qataris.

Il peut y avoir un tourisme « culturel » par la richesse des musées mais vouloir un tourisme de masse, semble une piste dangereuse, car irréaliste. L’urgence de la diversité ne permet pas trop d’erreurs. En outre, vouloir en permanence être sur le même terrain que les Emirats Arabes Unis, montre le peu d’imagination des conseils des qatariens.

La problématique de l’insécurité dans cette zone du monde qui devrait s’aggraver, si Daesch et Al Qaida ne sont pas terrassées, n’incitera pas à terme à mettre sa famille en danger.

Le Qatar devrait envisager un secteur du tourisme plus modeste et qui monterait en puissance sur un espace-temps plus important.

Ce post a été actualisé, il avait été publié déjà fin octobre 2014.