Inspiring Women au secours du Qatar

Caroline Carpentier connait bien les Pays du Golfe et la condition féminine dans ces pays. Son livre Inspiring Women met en valeur quelques femmes qataries, pour autant la place de la femme dans ce pays est-elle enviable ?

 

Le modèle Scheikha Moza est-il copiable ?

En attendant pour vous faire patienter, voici un entretien entre Caroline Carpentier et Nabil Ennasri de l’Observatoire du Qatar. Notre avis risque d’être un peu différent…

Les qatariens sont des malins, ils servent de quelques femmes comme Scheikha Moza, pour faire croire qu’une importante évolution est en marche. Certes il faut constater quelques avancées, comme celle de conduire des automobiles, ou de gérer quelques entreprises ou organismes, ce qui par rapport à l’Arabie saoudite, pays encore plus rétrograde, est déjà un exploit, mais sur de nombreux exemples la loi tribale s’impose.

Le média « Thepeninsulaqatar» fait part des difficultés que rencontrent les femmes qataries dans la seule élection au suffrage universel au Qatar, les élections au Conseil Municipal Central.  En mai 2015 le Conseil Municipal Central sera élu grâce aux votes des qataris hommes et femmes aux conditions qu’ils s’inscrivent comme électeurs et qu’ils soient âgés de plus de 18 ans. Détail savoureux, on oblige les candidats à publier leur numéro de téléphone portable, or chacun sait qu’une femme qatarie ne peut avoir en propre son téléphone, elle est obligé de passer par un mâle de sa famille, mari, frère… Une petite combine pour limiter le nombre de femmes sur les listes, la politique est pour les hommes. La femme reste le vase « faible » pour les qatariens auquel on doit porter toute son attention mais dont les pouvoirs et capacités sont limités…Si le modèle Scheikha Moza peut être copié a une petite échelle il est difficile d’en faire une généralité.

Scheikha Moza est une femme exceptionnelle, dans un contexte peu ordinaire où son mari l’émir Hamad l’a aidé chaque jour à résister face à ceux qui nombreux voulaient réduire son pouvoir.

Pour une femme plus ordinaire qui par exemple se marie avec un « étranger »quelques soit son statut social et qui vit au Qatar. Ses enfants ne seront pas qataris mais de la nationalité du père. Ils n’ont pas plus de droits qu’un expatrié ordinaire. Pas étonnant qu’un nombre de plus en plus important de femmes qataries préfèrent rester célibataires.

Dans le village « le monde », le Qatar met souvent en relief les efforts qu’il fait pour s’insérer dans la culture mondiale, or, force est de constater sur les droits des femmes comme d’ailleurs sur les droits des expatriés, une fois le discours terminé, il ne se passe plus grand-chose. Un lecteur avec qui nous discutions récemment nous disait « mais il y a bien un jeune émir à la tête du Qatar, il n’a que 34 ans ? ». Certes, nous lui avons répondu, mais avec vous remarqué cher lecteur que l’émir Hamad avait mis en avant une de ses épouses, Scheikha Moza, au point qu’aujourd’hui elle est devenue ambassadeur au Vatican. Le nouvel émir, lui, 22 mois après son arrivée au pouvoir n’apparait jamais avec une de ses épouses, publiquement elles sont inconnues. La modernité ne se décrète pas, c’est un état d’esprit et l’âge ne suffit pas.

Caroline Carpentier connait bien les Pays du Golfe et la condition féminine dans ces pays, elle a raison de mettre en avant ces trente femmes courageuse au Qatar et sans doute bien d’autres. Mais rien ne prouve qu’a moyen terme une marche arrière sur cet engagement public ne soit effective. A l’exemple des élections législatives qui devaient a avoir lieu au Qatar on pourrait attendre longtemps des changements profonds de ce pays.