Un expatrié travaillant au Qatar peut-il se défendre face à son employeur ?

En théorie, il existe la possibilité de saisir les tribunaux, dans la réalité la prudence est de rigueur car vous n’êtes pas libre de quitter le territoire.

 

Ce qu’il faut savoir, avant de travailler au Qatar, concernant les problèmes avec votre employeur

La législation au Qatar n’a pas évoluée malgré les discours du ministre du travail de ce pays en mai 2014. Le système du kafala est toujours en place et pour quitter le pays, il vous faut toujours obtenir un « exit permit », concrètement l’employeur ne doit pas s’opposer à votre sortie du territoire. En outre il faut se rappeler que si vous avez un emploi d’employé de maison, actuellement vous n’avez aucun droit, à part les usages en vigueur chez votre employeur. Il y a actuellement 84 000 employés de maison au Qatar.

Le secteur qui emploie la plus importante population d’expatriés au Qatar est celle concernant la construction, bâtiment, travaux publics. Elle devrait dans les 3 à 4 prochaines années augmenter, car les infrastructures et la préparation de la Coupe du monde 2022 vont rentrer en régime de croisière. Les ouvriers de bas niveaux de qualifications qui composent le personnel du secteur sont des Indiens, Népalais, Sri-lankais et quelques milliers d’africains. Pour partie d’entre eux, le niveau culturel est bas et ne maitrisent que leur langue. Ils ne parlent ni arabe, ni anglais.

Une des premières difficultés pour cette population est la compréhension linguistique. Ainsi, lorsqu’ils souhaitent avoir des EPI (équipements individuels de protections), ou lorsqu’ils ne retrouvent pas tous les éléments de leur travail effectué, ils ont toute la peine du monde à se faire comprendre. L’un d’eux nous faisait remarquer que même lorsque la nouvelle loi sur le virement du salaire par voie électronique va  réellement s’appliquer, ceci ne réglera pas l’essentiel des problèmes qui reposent sur le montant du salaire payé par l’employeur.

Bien sur ces salariés savent qu’ils peuvent saisir les tribunaux qataris, mais ils se heurtent à nouveau à des compréhensions linguistiques et à des procédures judiciaires à la fois payantes et complexes. Mais le pire est pour eux la crainte qu’un tribunal puisse dans un délai relativement long leur donner raison. En effet, un autre expatrié nous faisait remarquer, que la vie devenait rapidement difficile si on osait réclamer son dû, mais en cas de rare victoire elle était insupportable. « Si au moins on pouvait quitter le Qatar!» « Or, imaginez s’il vous reste encore plusieurs années à effectuer ? » « C’est prendre trop de risques ».

Lorsque nous avons évoqué la possibilité de saisir leur ambassade, ils ont eu un petit sourire triste, et de nous répondre, « on se demande parfois de quel côté ils sont ? » « La seule solution pour nous serait d’avoir des syndicats pour faire remonter nos problèmes et les traiter, car si on vient ici au Qatar c’est avant tout pour travailler, mais sans y laisser pas notre vie et que l’on nous paie tout le travail effectué. »

A la question suivante « les qataris ne sont pas tendre avec vous ? », ils nous répondent «  quels qataris, on ne les voit jamais, l’encadrement est fait par d’autres expatriés qui ont choisi d’obéir à leur maitres. »