La quatrième semaine du règne de Tamim

Tamim le prudent ? Un nouveau premier ministre qui commence à se positionner. Une Fifa qui veut faire jouer le Mondial en hiver. Une guerre d’influence imaginaire entre l’Arabie et le Qatar.  Et Valls qui partage la rupture du jeûne d’un jour à la Grande Mosquée de Paris.

La quatrième semaine du règne de L’Emir Tamim

Jusqu’ici tout va bien, mais pas de réelle ligne qui voit le jour et pourtant. Si on est attentif au discours du premier ministre, voilà ce qu’on peut en retenir. Dés ses premiers propos, Abdullah Bin Nasser a abordé le sujet du développement durable,  l’expansion économique doit impérativement inclure ce sujet. Il y aura une inflexion par rapport au passé, la priorité sera donnée aux affaires intérieures. Dans le gouvernement précédent trois ministres dont le premier ministre, travaillaient  sur les affaires étrangères, dans ce gouvernement un seul ministre s’en occupera. Par contre le ministère de l’intérieur aura un ministre délégué et le premier ministre pour gérer ce ministère, c’est un signal visible.

Les dossiers tourisme et sports utiliseront d’importants capitaux. Le gouvernement prévoit de dépenser 130 milliards USD en préparation de la Coupe du Monde 2022, 35 milliards de dollars qui seront consacrés à la construction d’un réseau de métro de chemin de fer, un nouveau port, routes à voies multiples, et neuf nouveaux stades climatisés. Selon un rapport Qatari publié en avril dernier, les investissements directs des installations et des infrastructures liés aux préparatifs pour accueillir la finale de la Coupe du monde ont atteint près de 80 milliards de dollars, en plus des 20 milliards de dollars pour le développement du secteur du tourisme au Qatar.

 

Une Fifa qui veut faire jouer le Mondial en hiver

Le magazine « sports.fr » résume d’une manière excellente la situation des dirigeants de la FIFA. Sepp Blatter le président : « Si cette Coupe du monde doit devenir une fête, vous ne pouvez pas jouer au football l’été. Vous pouvez rafraîchir les stades, mais vous ne pouvez pas rafraîchir tout le pays… » Mais pour qu’un tel changement de calendrier ait lieu, la Fifa doit l’anticiper. Et si possible sans trop tarder.

Ceci ne posera pas de problème particulier pour le Qatar. Cela pourrait même être une belle opportunité pour diminuer les dépenses pour climatiser les stades, en hiver les températures sont de 18 à 25 °. Après avoir indiqué qu’il y aurait moins de stades construits, 9 au lieu de 12, voici donc l’acte deux, le troisième ne saurait tarder « quelques matchs dans les autres émirats ».

Question le Qatar a-t-il réellement besoin de faire cette coupe du monde ? A la place des dirigeants de la Fifa je serais très attentif, il y aura un moment où le « deal » initial sera rompu et si le plan « tourisme » venait à prendre, la question se poserait pour le Qatar. Les investissements me direz-vous ? Toutes les infrastructures sont à réaliser dans tous les cas et quelques contrats pourraient être revus en cas de force majeur. Mais nous n’en sommes pas là.

La guerre d’influence n’aura pas lieu entre l’Arabie et le Qatar

Depuis les années 20 la présence de l’Arabie saoudite et du wahhabisme est réel en Egypte. Au bénéfice du printemps arabe et de l’essai de prise de pouvoir par les frères musulmans, le Qatar a pu s’infiltrer dans le système d’influence de ce vaste pays arabe, l’Egypte. Mais depuis le début du siècle précédent d’autres forces internes et externes influencent l’Egypte. Vouloir résumer à une petite guéguerre entre Qatar et Arabie c’est méconnaître le plus peuplé des pays arabes. Ce qui s’est passé ces dernières semaines en Egypte c’est un simple rééquilibrage entre Arabie et Qatar, mais ni l’un ni l’autre, n’ont autant de pouvoir qu’ils prétendent, par contre leur argent et celui des Emirats du Golfe est le bienvenu. Il manque cruellement plusieurs choses en Egypte : le leader, un plan économique et un rassemblement national. Tant que ces trois éléments minimum ne seront pas réunis, l’Egypte continuera de famines en disettes.

Manuel Valls le laïc

Pendant le ramadan tout signe prend une certaine dimension. La venue du ministre de l’intérieur en charge des Cultes, M. Valls, à la grande Mosquée de Paris,  est à la fois un geste d’affection mais aussi un geste fort contre ceux qui commettent des actes d’islamophobie. « La République ne laissera pas faire. »

La question de la laïcité soulevée contre Manuel Valls n’a pas de sens. Il est dans son rôle de participer à la rupture du jeûne d’un soir, à un repas d’un comité juif un autre soir et à l’invitation d’un organisme chrétien une autre fois…

Les propos d’Henri Pena-Ruiz, philosophe, écrits en 2003 sont toujours d’actualité, « trop souvent les hommes ont tendance à privilégier ce qui les divise. Avec la laïcité, il faut apprendre à vivre avec ses différences dans l’horizon de l’universelle, sans jamais oublier qu’on a des intérêts communs en tant qu’homme. »

L’Emir Tamim se cale dans son rôle

En laissant le premier ministre monter en charge avec les deux objectifs « discipline et réussite », l’Emir Tamim prend  le recul et la réflexion nécessaires sur les événements. Il travaille avec sa mère, son père et quelques experts de niveau international pour ajuster sa ligne. Il devra parler régulièrement aux habitants du Qatar pour montrer ce qui a été fait et ce qu’il reste à faire. Il se prépare une grosse tempête sur le moyen orient si les difficultés liées à la Syrie et à l’Egypte ne se règlent pas. Il y aura besoin d’un premier ministre qui tient ses troupes…