Devons-nous faire confiance aux gouvernements concernant l’utilisation des nouvelles technologies

La question du juste compromis entre l’avènement des nouvelles technologies et la nécessaire protection de l’individu, notamment dans sa vie privée est toujours d’actualité.

Le citoyen a un impérieux devoir de vigilance

Le 21 mars 1974 dans sa page « Justice » sous la signature de Philippe Boucher, Le Monde titre : « SAFARI ou la chasse aux Français » et dévoile les projets du ministère de l’intérieur : il s’agit de réunir sur un seul fichier les données de cent millions de fiches réparties dans quatre cents fichiers. Philippe Boucher écrit : « Le ministère de l’intérieur a d’encore plus vastes ambitions. Détenteurs, déjà, du fichier national du remembrement, les services de M. Jacques Chirac font de grands efforts pour, affirme-t-on, s’en adjoindre d’autres : le cadastre, le fichier de la direction nationale des impôts et, plus grave encore, celui du ministère du travail ».

De telles visées comportent un danger qui saute aux yeux, et que M. Adolphe Touffait, procureur général de la Cour de cassation, avait parfaitement défini le 9 avril 1973 devant l’Académie des sciences morales et politiques, en disant : « la dynamique du système qui tend à la centralisation des fichiers risque de porter gravement atteinte aux libertés et même à l’équilibre des pouvoirs politiques ». C’est la première opposition d’envergure au projet d’interconnexion de tous les fichiers disponibles, projet pour lequel l’INSEE et le ministère de l’Intérieur associent leurs efforts.

L’article 1 la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique aux fichiers et aux libertés plus connue sous la contraction « Informatique et libertés » peut-elle suffire à nous protéger ? « L’informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s’opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques ».

La mise en garde d’Alain Weber avocat, président de la Commission informatique et libertés de la LDH, dans un article publié en juin 2007 est toujours d’actualité. « Toute l’histoire de l’utilisation des technologies nouvelles par les gouvernements – fussent-ils démocratiques – va dans le sens de leur exploitation pour surveiller toujours plus et toujours mieux. Le citoyen a un impérieux devoir de vigilance car il est dépositaire – pour les générations à venir – de la conservation et du développement des espaces de libertés. »