Vulnérabilité des approvisionnements français et européens

En 20 ans, la France s’est progressivement insérée dans les chaînes de valeur mondiales : sa production industrielle inclut directement près de 40 % d’intrants étrangers, dont plus de la moitié provient de pays européens.

On identifie 12 produits vulnérables, c’est-à-dire à faible potentiel de diversification

Notre économie a besoin de produits et matières premières d’origine étrangère, notamment pour notre production industrielle, ce qui peut induire des vulnérabilités en cas de rupture d’approvisionnement. L’analyse de la concentration des importations françaises ainsi que de leur potentielle diversification fait toutefois ressortir un nombre limité de produits vulnérables. Des stratégies de sécurisation au niveau des entreprises, des Etats et de l’Union européenne peuvent être mises en place.

La crise de la Covid-19 a relancé le débat sur la vulnérabilité des chaînes de valeur mondiales et en particulier sur les dépendances de la production nationale vis-à-vis des approvisionnements depuis l’étranger. En 20 ans, la France s’est progressivement insérée dans les chaînes de valeur mondiales : sa production industrielle inclut directement près de 40 % d’intrants étrangers, dont plus de la moitié provient de pays européens. Ce phénomène est commun à l’ensemble des pays européens et la France est moins dépendante que l’Allemagne aux intrants étrangers.

Pour identifier les biens « vulnérables », les importations extra-européennes d’environ 5 000 catégories de produits ont été analysées en prenant en compte la concentration des importations de chaque produit depuis un nombre réduit ou non de pays fournisseurs hors UE et la centralité du produit, c’est-à-dire l’existence ou non d’alternatives pour se fournir en provenance d’autres pays.

Selon cette méthodologie, la vulnérabilité des importations françaises hors-UE apparaît comme faible : on dénombre 121 produits dont les importations seraient concentrées, notamment des produits chimiques et pharmaceutiques, des produits métallurgiques et certains biens d’équipement (ex. : lampes LED, machines-outils, accumulateurs…). Parmi ces produits concentrés, on identifie 12 produits vulnérables, c’est-à-dire à faible potentiel de diversification. Finalement, le nombre de produits vulnérables pour la France est inférieur à celui de ses principaux voisins européens. Pour le quart de ces produits, le principal fournisseur extra-européen est la Chine.  

L’identification de ces vulnérabilités ne doit pas faire perdre de vue les avantages que présente la possibilité de s’approvisionner depuis l’étranger, tant sur le plan de l’efficacité économique que de la sécurité d’approvisionnement, y compris en temps de crise…
Les risques pesant sur les chaînes d’approvisionnement doivent en premier lieu conduire les entreprises à mettre en place des stratégies de sécurisation, passant notamment par une diversification de leurs fournisseurs. Mais les pouvoirs publics ont également un rôle à jouer dans les secteurs sensibles, pour lesquels des ruptures d’approvisionnement emporteraient des externalités négatives à l’échelle de la société (ex. santé, sécurité).

Pour lire l’étude complète / Rédigé par Christophe Bonneau, Mounira Nakaa • Publié le 17 décembre 2020