Une semaine de conflit dans le Golfe

Le plan de mis au pas du Qatar avait été préparé par les saoudiens et les émiratis,  il attendait juste le feu vert de Trump.

Remettez-moi le Qatar à sa place dit Trump

Le président américain qui n’aime pas se frotter aux grandes  puissances croit faire un exemple en prenant à partie le petit Qatar. Son manque de culture, sa méconnaissance de l’esprit de résistance des bédouins du Qatar,  lui a fait commettre une erreur dont il ne maîtrise pas encore l’importance.

Lors de sa visite à Ryad il a écouté les experts saoudiens lui présenter le plan, « en quelques heures, tout au plus quelques jours le Qatar sera à genoux.» Le 20 mai après-midi, le roi Salman scellait avec le président américain un Pacte. Il faut une bonne fois pour toute mettre au pas cet émirat qui dérange le Golfe, le Moyen Orient et bien au-delà, ce petit bout de sable de la péninsule arabique, le Qatar. Le 3 juin au soir Trump a fait passer le message, « allez-y, je vous couvre, remettez-moi  le Qatar  à sa place. »

Une semaine folle commencera le 5 juin 2017 au matin, on vient de rentrer dans la Crise de juin 2017 au sein des pays du Golfe.

Le déroulé de la semaine

La tribune de Genève, 5 juin 2017 : Coup de tonnerre dans les pays du Golfe! L’Arabie saoudite, l’Egypte, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont annoncé lundi la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusant ce petit pays de «soutenir de multiples groupes terroristes et religieux qui visent à déstabiliser la région

Le Ministère qatari des affaires étrangères s’indigne « Cette mesure est injustifiée et fondée sur des affirmations et des allégations qui ne reposent sur aucune base factuelle»…

Quelques jours auparavant :

24 mai : le Qatar annonce que son agence de presse a été « piratée par une entité inconnue » et que de « fausses » déclarations ont été attribuées à son émir. Parmi les sujets cités figurent l’Iran, le Hezbollah, le Hamas et les Frères musulmans, des propos que des médias du Golfe s’empressent de relayer malgré les démentis de Doha qui ouvre une enquête.

2 juin : une source officielle à Doha indique que des enquêteurs du FBI américain aident le Qatar à déterminer l’origine d’un « piratage » présumé de son agence de presse officielle.

Ce lundi 5 juin au Qatar, il y a un moment de panique dans la population car les compagnies aériennes des Emirats Arabes Unis, d’Arabie saoudite, du Bahreïn et de l’Egypte  suspendent leurs vols sans donner de délais et on demande aux citoyens qataris de rentrer chez eux, comme on demande aux ressortissants de ces pays de rentrer. On parle de blocus, ce qui conduit la population à se ruer dans les magasins pour faire des stocks. Le plus grave sans doute est la possibilité de conflit entre ces belligérants et le Qatar. Les autorités qatariennes ont bien du mal à ramener le calme.

Cette première journée se termine sur une incompréhension puisque l’essentiel des propos des saoudiens et acolytes portent sur les thèmes du terrorisme et du rapprochement avec l’Iran donc difficile à appréhender et a régler

Mardi 6 juin 2017

On s’interrogeait,  pourquoi l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis  ont mis en œuvre une « guerre économique » contre le Qatar. Les sois disant propos de l’émir Tamim bin Hamad al Thani qu’il n’a jamais tenus, ne sont qu’un prétexte enfantin. Le conflit avait été déjà décidé quelques jours avant ces propos, au moment même où Trump présent au sommet de Riyad serrait la main de l’émir du Qatar devant les caméras et passait un pacte avec le roi Salman pour déstabiliser le Qatar.

Trump s’est transformé en pyromane, sans mesurer les conséquences. Nous savons désormais pourquoi le Qatar est agressé : « car il fallait un coupable pour expier toutes les fautes lier au terrorisme.» Or ni les US, ni l’Arabie saoudite, ni les Emirats Arabes Unis, ni l’Egypte, ni le Bahreïn, ne retrouveront leur « virginité » en faisant porter la responsabilité de leurs actes au Qatar. L’émir du Koweït propose de servir de médiateur comme lors de la crise de 2014.

Le Koweit prône la médiation, 7 juin 2017 : RFI rapporte « Les autorités koweïtiennes cherchent à jouer les médiateurs pour mettre fin à la crise diplomatique qatarienne. Contrairement aux Saoudiens, aux Bahreïniens et aux Emiriens, qui campent sur la ligne dure, le Koweït met de côté les divergences et cherche à rétablir le dialogue. »

Le 8 juin 2017

Au quatrième jour du conflit économique et diplomatique initié par l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn contre le Qatar on peut réellement s’interroger sur l’objectif final des trois belligérants qui ont pris l’initiative ?

Chacun sait que le combat contre le terrorisme ne se règlera pas avec les initiatives prises contre le Qatar qui pourrait en outre sortir grandi de cette épreuve de force. Une triste comédie qui est donné en spectacle au monde où le matin on se traite de « Frère en s’embrassant » et le soir on s’injurie comme des ennemis. Le spectacle pitoyable qui se joue dans le Golfe ressemble plus à un conflit de pays riches qui s’ennuient qu’a un véritable défi contre le terrorisme.

Et que dire du président américain qui joue un rôle d’amuseur public en utilisant Twitter alors que le monde entier regarde la première puissance mondiale, les USA. Puisque il pense que le Qatar est un pays qui favorise le terrorisme comment peut-il laisser ses militaires sur la base d’al Udeid au Qatar ? Les turcs devraient remplacer progressivement les américains d’Al Udeid car les turcs sont des alliés du Qatar et le président américains pense que le Qatar est un pays terroriste. Il faut être logique et cohérent dans la vie.

Le 9 juin 2017

L’Algérie a été formelle dès le 5 juin, elle ne prendrait pas partie. Même si le Maroc à des relations privilégiées avec l’Arabie saoudite et de longue date pour l’instant il tient bon. Ce dimanche 11 juin il propose même d’œuvrer pour une médiation aux cotés du Koweït La Tunisie est proche du Qatar et le dit avec la voix de ses représentants dans ce pays. Enfin le Liban ne veut pas se faire dicter sa politique étrangère et comme les autres trois pays, cités précédemment, affirment une neutralité positive, demandant aux 4 membres du CCG en conflit de dépasser leurs querelles pour arriver à une solution viable. Au 11 juin au soir à part quelques pays d’Afrique de moindre importance l’appel au boycott de l’Arabie saoudite n’est pas très suivi. Pire des pays comme la Turquie ou l’Allemagne voire la Russie et l’Iran appellent à la fin du blocus et un retour au dialogue.

Le 10 juin 2017

Le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel indique en parlant de ce qui se passe dans le Golfe : « Le risque existe que cette crise dégénère en une guerre. » Ce qu’il n’a sans doute pas imaginé c’est le rôle des US avec Trump, celui-ci pourrait bien utiliser ses militaires basés au Qatar à al Udeid. Pendant 16 ans l’administration militaire américaine a tissé une confiance à toute épreuve avec les qatariens, du moins jusqu’au 5 juin 2017.

Or, le président américain Trump vient d’accuser à plusieurs reprises le Qatar de favoriser le terrorisme. Les grandes oreilles installées à al Udeid sont-elles sourdes au point que pendant 16 ans ils n’ont rien entendu ? Les 10 000 soldats qui participent aux opérations en Syrie, Irak, Afghanistan… vont- ils se détourner de leur mission et retourner leurs armes contre le pays qui les accueille. Plus Trump monte le son ou tweet, plus il est à craindre que pour ne pas perdre la face, il se croit obligé soit de quitter le Qatar soit pire encore de s’en prendre aux qatariens ?

Le 11 juin 2017

Les étrangers mêmes membres du CCG qui le souhaitent peuvent rester au Qatar. C’est la réponse du Qatar aux exclusions de ses concitoyens prononcées par les saoudiens,  émiratis, bahreïnis voire égyptiens se place à une autre hauteur. Malgré le stress qui règne au sein de la population des expatriés qui résident au Qatar, les autorités locales essaient de trouver les solutions pour diminuer les tensions internes.

L’arrivée de 90 tonnes de nourriture depuis l’Iran ce dimanche montre que le blocus qui dans le discours se renforce touche pour l’essentiel les transports aériens entre pays du CCG.

Que se passera t-il la semaine prochaine ?

Si la tension est palpable au Qatar l’affolement de lundi n’est plus de mise. Les initiateurs de cette crise vont-ils prendre le risque d’un conflit ? Trump va-t-il utiliser ses soldats basés à al Udeid ? Le Koweït et le Maroc peuvent-ils raisonner les belligérants ?

Tout est encore possible !