Le Maroc prochaine prise des wahhabites ?

Combien de temps le Maroc pourra résister aux assauts cultuels des pays du Golfe ? Dans le débat sur l’islam de France, la prudence veut que les imams exerçants sur le sol français, ne soient plus formés au Maroc, dans l’attente d’une clarification concernant la doctrine de référence dans ce pays.

 

Le Maroc se référait jusqu’à maintenant à l’école Malékite

Autant Mohammed V que Hassan 2, Rois du Maroc, ont réussi à résister aux assauts du wahhabisme saoudien. Ils rappelaient à leurs interlocuteurs que le Maroc se réfère à l’école malékite qui est chronologiquement la deuxième doctrine de l’islam, fondée par Mâlik Ibn Anas (93-179 A.H), appelé aussi le Savant de Médine. Cette doctrine basée sur le Coran et la Sunna, s’ouvrit à l’avis des compagnons du prophète vivants à Médine, ainsi que les descendants de ces compagnons. D’une grande modernité dans sa pratique quotidienne, elle utilise les coutumes de la société, évidement si elles ne sont pas en contradiction avec les bases de l’islam. Plus important encore, la notion d’intérêt général de la société est prise en compte. Il n’est pas étonnant que de nos jours, en France, l’école malékite soit largement majoritaire au sein des musulmans.

L’actuel Roi du Maroc Mohammed VI, succédant à ses illustres ancêtres, bénéficie de cette culture de l’islam qui dans le cadre de la mondialisation est un véritable atout. Le courant soufi qui traverse l’islam de son pays apporte en outre lumière et paix dans un monde ou le salafisme par sa rigueur et son intransigeance attise les passions et les conflits. Nul doute que Mohammed VI puisse résister au wahhabisme saoudien avec qui ses prédécesseurs avaient su trouver un « équilibre ». Même si, l’apparition d’un wahhabisme au « visage » moderne, porté par le Qatar, peut fausser un instant le jeu d’influences poussé par l’Arabie saoudite qui ne veut pas être en reste par rapport au Qatar. L’équilibre est rompu pour certains comme l’a déploré l’universitaire et chercheur au Laboratoire français, Gremmo , Yves Gonzalez-Quijano. « Cité par le site communautaire musulman français, Saphir News, Yves Gonzalez-Quijano, qui est aussi maître de conférences en littérature arabe à l’université de Lyon II, a indiqué que ce qui était jadis le Maroc, Islam de lumière et de tolérance, est en voie de disparition. »

D’aucuns s’interrogent sur l’avenir même du Festival de Fès de la Culture Soufie ? Est-il menacé ? La vision de l’islam par les marocains, sur la base de l’école malékite, s’ouvre à la société. Elle est issue d’une ancienne tradition musulmane faite de tolérance et de lumières. Le Festival de Fès qui fête sa 10e édition est le témoin de cette richesse cultuelle et culturelle. Si demain ce festival venait à disparaitre, cela serait le signal que le Maroc est tombé sous l’emprise du wahhabisme.

Dans le débat sur l’islam de France, la prudence veut que les imams exerçants sur le sol français, ne soient plus formés au Maroc dans l’attente d’une clarification concernant la doctrine de référence dans ce pays.