Quel avenir pour les investissements londoniens du Qatar

Après avoir été piège par ses investissements en Allemagne, le Qatar peut-il être mis en difficulté à cause de son immobilier Londonien ? 6 fonds immobiliers londoniens suspendent leurs activités du jamais vu depuis 2008.

Tout va bien jusqu’ici

« C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. »

Doit-on appliquer cet écrit de Mathieu Kassovitz aux investissements qatariens en Allemagne et maintenant au Royaume Uni ?

En ce qui concerne l’Allemagne et en particulier Volkswagen, ce géant de l’automobile se remettra à moyen terme de sa « tricherie, » mais combien de milliards de dividendes n’auront pas été distribués aux actionnaires ? Pour le Qatar c’est du concret avec ses 17 % du capital au moment où il en a le plus besoin, à la suite de la baisse des prix des hydrocarbures.

Pour les investissements dans l’immobilier londonien, il est certainement trop tôt pour en tirer des conclusions, le « brexit » et surtout ses conséquences, n’ont pas donné toutes leurs dimensions. Il est certain que l’attitude des trois fonds immobiliers britanniques (Standard Life, Aviva Investment, M&G) qui ont suspendu leur activité face à l’afflux des demandes de retraits d’investisseurs, crée un semblant de panique qui pourrait déboucher sur un effet domino. Le fonds souverain du Qatar et de nombreux particuliers, comme la famille royale, sont pour l’instant encore très riches, chacun sait que les investissements dans l’immobilier visent le long terme.

Le Qatar ne risque rien tant que les agences de notations lui font confiance est maintiennent sa notation, ce qui lui permet d’emprunter des sommes importantes à des taux d’intérêts raisonnables. Si par malheur cette confiance venait à s’effondrer, le Qatar ne pourrait pas compter dans l’immédiat, sur une bonne partie de son fonds souverain et verrait sa trésorerie tendue. L’annonce du ministre des Finances qatarien de l’aggravation des déficits publics est une bonne nouvelle pour la transparence, mais montre que la mobilisation des qatariens pour résorber ce déficit est loin d’être suffisante. Il est probable qu’à court terme un tour de vis fiscal supplémentaire soit nécessaire et que d’autres projets soient retardés ou annulés.

La crise de l’immobilier londonien repose essentiellement sur « la peur » suite au « brexit ». Cette peur peut disparaitre ou s’accroitre, mais nous voilà dans le monde de l’irrationnel, diriger un état dans ces conditions est des plus complexes.

Mise à jour du 7 juillet 2016 5h

Trois autres fonds immobiliers suspendent leurs activités : Henderson Global Investors, Columbia Threadneedle et Canada Life. Selon le media RFI : « depuis le début de la semaine, six groupes financiers gérant au total près de 15 milliards de livres d’actifs dans l’immobilier commercial ont pris cette mesure depuis le début de la semaine. Tous expliquent avoir pris cette décision pour « sauvegarder les intérêts des investisseurs ». Un tel phénomène n’avait pas été observé depuis la crise de 2008. »