Comment Valls a piégé Hollande

Lorsqu’on regarde la « Loi sur le travail » et notamment son article 2, chacun pouvait se douter que la CGT et FO ne pouvaient pas laisser passer. Mais au-delà de cette loi « stupide, » le véritable enjeu était pour Valls de ne pas reprendre cinq ans de « Hollandisme. »

Valls est un impatient qui calcule bien

Chacun se souvient du plan Hollande pour pouvoir repartir pour un mandat de 5 ans. Et finalement quelques indicateurs qui confirment « une petite embellie économique » auraient pu lui permettre de repartir en campagne électorale. Il avait donné des gages au patronat qui prépare la succession de Gattaz et qui se déchire toujours sur le même thème, comment faire exploser le droit social français. Le joker de Hollande s’appelle Macron, celui-ci par petits bouts aurait détricoté une grosse partie du droit social sans créer une agitation syndicale. Hollande qui connait bien la politique française et notamment le comportement de la droite, sait que la primaire à droite fera tant de dégâts que le gagnant  aura bien du mal à rassembler ensuite. Tout se passait comme prévu et malgré les sondages, Hollande et Macron auraient eu leur chance pour un second mandat. Le premier comme président et le second comme jeune premier ministre.

Le locataire de Matignon, Manuel Valls a vite fait de comprendre qu’il serait le « cocu » de l’histoire. Et utilisant ses prérogatives, il a persuadé Hollande qu’il pouvait faire « un grand coup » au lieu des petits pas de Macron. Peser dans débat de la succession au Medef, affaiblir durablement la CGT, pousser une partie de FO à faire le choix du réformisme de collaboration …

Hollande devenu gourmand, dit « OUI » et mal lui en prit. Une loi sur le travail fut bricolée rapidement. Lorsqu’on regarde la « Loi sur le travail » et notamment son article 2, chacun pouvait se douter que la CGT et FO ne pouvaient pas laisser passer. Et nous voilà quelques mois plus tard dans une panade sans nom, où le ministre du travail rencontre la CGT pour déclarer « on a rien à se dire ». A Lyon, notre ami « Guignol » se régalerait.

Mais au-delà de cette loi « stupide », même si elle passe à coups de 49-3, de toute façon elle ne sera pas applicable sur le terrain. En effet, lorsque les patrons de PME passeront plusieurs mois dans une guerre syndicale interne ou venue de l’extérieur, si leur boutique est encore debout, ils comprendront que ceux qui ont « créé cet article 2, » ne connaissent rien au terrain. Ou alors ils auront un permanent du Medef dans leurs locaux qui dirigera le social, donc la boutique.

Valls est en voie de réussir son challenge, ne pas reprendre cinq de « Hollandisme. » Obliger Macron « à tuer le père politique, Hollande » pour survivre.  Valls l’impatient a fait un bon calcul politique.