Pourquoi la CGT ne peut reculer

En mettant dans le texte de la loi sur le travail, la primauté de l’accord local au détriment de la l’accord national, Manuel Valls savait qu’il déclencherait la guerre avec la CGT et peut être avec Force Ouvrière.

Par cette formule il soutien ceux qui prônent l’association du capital et du travail. Je peux affirmer que si Mailly et Force Ouvrière rentrent dans le conflit franchement aux côtés de la CGT, il est fort probable que nous soyons à la veille d’un conflit majeur qualifié de mai – juin 2016.

 

Les deux CGT jouent leur survie

Philippe Martinez que j’ai connu chez Renault, n’est pas un homme à reculer, si au bout il n’y a rien à gagner pour son organisation syndicale, la CGT. Technicien qui n’a pas travaillé longtemps à un poste de travail, il a été comme moi un permanent syndical très tôt dans sa vie, moi à FO lui à la CGT. Elevé au biberon du PCF, il a sans doute pris quelques distances lorsqu’il a vu l’effondrement du parti, mais pratiquant le grand écart avec une certaine aisance, il a sans doute un pied dedans et l’autre dehors. Il peut compter sur ces camarades de la métallurgie et notamment le bastion de Vénissieux.

Un autre personnage clé du mouvement syndical français, appartenant à l’autre CGT, la CGTFO, est un homme digne d’intérêt et à suivre dans les heures et jours à venir. Il s’agit de Jean Claude Mailly le secrétaire général de FO. Cet ex cadre de la Sécu, a été longtemps un des piliers de Marc Blondel qui l’a précédé à la tête de FO. Nous avons quelques fois échangé au petit bistrot à coté du 198 avenue du Maine, longtemps siège de la confédération FO. Ni Martinez, ni Mailly n’avaient imaginé que Manuel Valls déclencherait une attaque suicidaire pour le gouvernement et le parti socialiste à un an des élections présidentielles et que le président Hollande s’embarque dans ce chemin sans issue.

Les deux CGT mènent combat depuis leur naissance, elles ont été longtemps ensemble, contre la théorie de l’association capital travail voulue par la doctrine sociale de l’église, une partie du patronat, une partie du parti socialiste et conduite sur le terrain par la CFTC et ensuite par la CFDT. En mettant dans le texte de la loi sur le travail, la primauté de l’accord local au détriment de la l’accord national, Manuel Valls savait qu’il déclencherait la guerre avec la CGT et peut être avec Force Ouvrière, par cette formule il soutien ceux qui prônent l’association du capital et du travail.

Si Philippe Martinez a compris qu’il fallait agir, car c’était la fin à moyen terme de la CGT, Mailly trop entouré par des trotskistes calculateurs hésite entre « la grève générale » que ces militants n’ont cessé de réclamer pendant des années et récupérer les restes de la CGT, si Valls maintien sa loi. Chacun doit se souvenir que dans la tradition de la CGT, la défense de la classe ouvrière peut conduire à des grèves insurrectionnelles qui dans le passé ont entrainé mort d’hommes. Donc Martinez ne reculera pas et la CGT ira jusqu’au bout. Si Mailly se met franchement aux cotés de la CGT et appelle à la grève générale dans le pays, le conflit changera de nature et le pays sera totalement bloqué, obligeant Hollande à retirer la loi, virer Valls avant que celui-ci ne démissionne.

Pour avoir enseigné l’histoire du mouvement syndical et avoir écrit un livre sur le sujet. Je peux affirmer que si Mailly et Force Ouvrière rentrent dans le conflit franchement aux côtés de la CGT, il est fort probable que nous soyons à la veille d’un conflit majeur qualifié de mai – juin 2016, conflit où tout est possible.