Doha, le lendemain du jour d’après

Dans les situations désespérées, la seule sagesse est l’optimisme aveugle, c’est ce qui est pratiqué par les autorités qatariennes. Mais d’un optimisme aveugle à l’aveuglement, il n’y a qu’un pas et le Qatar est en voie de le franchir.

 

L’Arabie saoudite tire le Qatar vers les profondeurs

La réunion de dimanche 17 avril 2016 a montré les limites de la puissance de l’Arabie saoudite. Les saoudiens ne sont pas parvenus à refermer la boîte de Pandore de la baisse des prix du pétrole. Les conséquences pour le Qatar sont que la crise économique arrive trop tôt et qu’ils ne sont plus maitres de leur destin. Il n’est pas étonnant que l’émir Hamad et son premier ministre HBJ, pendant tout leur règne, aient préféré prendre de la distance avec les saoudiens. La situation ne fait qu’empirer depuis que l’Iran revient progressivement sur les marchés internationaux. La rivalité entre saoudiens et iraniens a même entrainé le Qatar dans une guerre au Yémen.

Si comme le disait le romancier et essayiste français, Jean Dutour, «  dans les situations désespérées, la seule sagesse est l’optimisme aveugle », cette situation ne peut durer. Le ministre de l’économie du Qatar en présentant son budget 2016, l’année passée, avait déclaré que son pays ne serait pas impacté par la baisse des cours du pétrole, quelques mois plus tard, il passe, plus pour un aveugle que pour un optimiste. Le ministre de l’énergie du Qatar est atteint de la même cécité, puisque il déclarait il y a quelques jours que la rencontre de Doha du 17 avril allait faire remonter les cours du pétrole grâce à un accord entre les grands producteurs mondiaux.

Pendant que le Qatar perd son temps dans des vagues espoirs d’une hausse des prix du pétrole pour faire face à ses incompétences, la situation du petit état se dégrade. Comme le disait il y a quelques heures l’ancien premier ministre du Qatar HBJ, peut être finalement cette baisse des prix du pétrole est une chance pour le Qatar, car cela l’oblige à réagir pour développer son secteur privé encore plus rapidement qu’il ne le fait actuellement.

Une chance peut être, à conditions que le Qatar ne mène pas des combats qui ne sont pas les siens, que la population prenne conscience de l’urgence de la situation et que l’émir ne soit pas atteint à son tour par un aveuglement optimiste.

A vouloir coller au destin de l’Arabie saoudite, l’émir Tamim al Thani et son gouvernement sont aspirés dans les profondeurs. Si les saoudiens ont les moyens de remonter à la surface à tout moment, le Qatar n’aura bientôt plus les marges pour décider de son futur.