Les tribulations des travailleurs au Qatar en avril 2016

Tous les migrants qui travaillent au Qatar ne sont pas sur le même pied d’égalité, il y a bien plusieurs niveau de conditions de travail. Mais au fait, si les qatariens donnent les ordres, qui encadre et fait exécuter ces ordres ?

 

Les autorités qatariennes complètement dépassé par la situation des travailleurs

Lorsqu’on dit que le Qatar est un petit pays on ne mesure pas toujours toutes les conséquences. Le qatarien a tendance à se vexer facilement, si vous lui rappelez que dans leur propre pays ils représentent moins de dix pour cent de la population. Cette réalité permet de mieux comprendre certaines situations dont celle des travailleurs expatriés. Croire que tous les qatariens connaissent le marché du travail de leur pays est une illusion. C’est une petite frange de la population qatarie qui s’intéresse à ce sujet, l’essentiel du travail est sous-traité à des cadres arabes, occidentaux, indiens, népalais et autres.

Les expatriés se soumettent aux règles du droit du travail local, ou lorsqu’ils sont détachés aux règles de leur pays, il existe aussi une catégorie de personnels qui n’ont aucun droit, ils sont environ 100 000, ils travaillent en général comme employés de maison, chauffeurs, jardiniers…

Sur une population totale de 2 545 000 au 29 février 2016 les qatariens ne représentent qu’environ 250 000 personnes. Le reste de la population se décompose de la manière suivante, 545 000 femmes et enfants qui accompagnent les expatriés et 1 750 000 travailleurs. Ces chiffres ne peuvent être qu’approximatifs puisque le gouvernement qatarien ne publie que des données globales.

On peut dire que le qatarien moyen s’est intéressé au sujet de l’emploi dans son pays, lorsqu’à partir de 2012 – 2013 les premières enquêtes des médias et organismes internationaux ont mis en exergue les tribulations des travailleurs au Qatar. Le fait déclencheur a été l’obtention de la Coupe du monde de football pour 2022. Ce qui fait dire à de nombreux qatariens, sans cette événement sportif, nous pourrions continuer à vivre tranquillement.

Certes, mais tôt ou tard le Qatar aurait été rattrapé par les médias et organismes internationaux toujours à l’affut de nouvelles informations ou de combats humanitaires. C’est dans ce contexte qu’Amnesty International s’est intéressée à quelques 5 000 travailleurs qui sont affectés directement à la construction de stades et autres infrastructures pour la préparation de la Coupe du monde de football 2022. Un rapport de 80 pages dénonce, les conditions désastreuses de ces travailleurs au Qatar. Ce n’est pas le premier rapport de cet organisme international sur l’ensemble du marché du travail qatarien. Certainement ces travailleurs seront bien plus nombreux à l’avenir à travailler sur ce segment du marché du travail, il faut quand même ne pas oublier tous les autres travailleurs qui souffrent.

Le rapport d’Amnesty International est de grande qualité et dénonce avec vigueur l’inaction des autorités qatariennes. Toutefois il manque un point important, la gestion des travailleurs expatriés par d’autres expatriés qui n’hésitent pas à obéir à des ordres et des objectifs qui dégradent gravement la santé des travailleurs soumis à des conditions de travail dangereuses. Sans oublier toutes ces officines pourvoyeurs de travailleurs, qatariennes ou étrangères qui s’engraissent sur la misère humaine.

Le constat de ce qui se passe au Qatar sur le marché du travail n’est pas acceptable. Il démontre aussi que si les autorités qatariennes portent une large responsabilité, ceux qui exécutent leurs ordres et sont en direct avec les travailleurs sont tout aussi coupables.