Une partie des qatariens proches de l’exclusion sociale

La course au paraître dans le pays le plus riche au monde, le Qatar, génère une exclusion sociale inquiétante. Chacun se souvient du message de l’émir Tamim al Thani à Obama « C’est le désespoir et non l’islam qui est la cause première du terrorisme ». Le désespoir peut-il atteindre une partie de la population qatarienne ?

 

Des qatariens en passe d’exclusion et d’emprisonnement

Les instances religieuses du Qatar ont demandé aux qatariens d’éviter de s’endetter personnellement encore plus et notamment pour partir en vacances. Il y a quelques mois les banques faisaient campagne pour inciter les qatariens à faire des crédits et à consommer. Cette course à la consommation engendre de nombreuses difficultés notamment chez les jeunes couples. Souvent les familles paient un mariage extrêmement cher et mettent ensuite une pression sur le jeune couple qui conduit à une augmentation importante nombre de divorces.

Le dernière mode pour les qatariens qui veulent échapper à la chaleur suffocante du Qatar pendant l’été est de partir à l’étranger. Pour cela ils n’hésitent plus à emprunter et partir avec toute la famille, souvent nombreuse, pour des destinations coûteuses. Les instances religieuses en appellent à plus de modestie et à ne pas devenir dépendant de l’argent. La course au paraître dans le pays le plus riche au monde, le Qatar, génère une exclusion sociale inquiétante.

On estime aujourd’hui a près de 15 % la population des qatariens de souche qui pour garder « leur rang » tant parmi les qatariens que face aux expatriés sont endettés voire surendettés. Or le non-paiement de ses dettes est un acte criminel est passible de prison au Qatar. Certes un organisme comme la Fondation du Sheikh Thani Bin Abdullah déclare avoir consacré 30 millions en dons depuis 2011, ce qui lui a permis de régler les dettes de 120 Qatariens, y compris 70 qui étaient en prison, mais c’est une goutte d’eau. N’oublions pas que de nombreux expatriés dont notre ami Jean Pierre Marongiu sont en prison au Qatar dans ce cadre et ne bénéficient d’aucune aide.

 

C’est le désespoir et non l’islam qui est la cause première du terrorisme

Lors d’un voyage aux USA en 2015, avant de rencontrer officiellement Obama, l’émir Tamim s’était exprimé dans une missive reprise par le New York Times. Il donnait notamment son point de vue sur le terrorisme. « Pour l’émir Tamim al Thani les balles et les bombes seules ne suffiront pas à gagner la guerre contre le terrorisme. Il faut s’attaquer aux causes profondes qui le génèrent en mettant en place un plan à long terme dans une approche stratégique. Pour l’émir al Thani le terreau de ce terrorisme est le désespoir et non l’islam. Un désespoir qui règne dans la déstabilisation du Moyen Orient mais aussi dans les quartiers pauvres des grandes villes d’Europe, et même aux États-Unis.

Or l’émir Tamim al Thani devrait de toute urgence s’occuper de sa propre population car ce sont près de 40 000 qatariens sur un total de 250 000 qui sont menacés d’exclusion sociale, avec une accélération brutale depuis quelques mois à cause de la chute des prix du baril de pétrole et des mesures économiques qui ont été prises. Le désespoir gagne lentement une partie de la population qatarienne avec les risques de déstabilisation du pays.

Il y a un temps pour discuter et un pour agir, une correction rapide de la répartition des richesses s’impose au Qatar. Il devient urgentissime de modifier cette loi stupide et rétrograde qui conduit quelqu’un en prison lorsqu’il ne peut honorer une dette ou pour chèque sans provision.