Le Qatar veut faire taire Florian Philippot du FN

Florian Philippot confirmait ce 31 mai 2015, sur BFMTV que le Qatar avait déposé plainte contre lui pour diffamation.

 

Une affaire très grave selon Florian Philippot

Vers 20 heures, le média Le Figaro faisait état d’un dépôt de plainte pour diffamation, contre Florian Philippot du FN.  Il y a quelques jours, un juge d’instruction a été désigné. Florian Philippot confirmait ce 31 mai 2015, sur BFMTV vers 22h 45 que le Qatar avait déposé plainte contre lui pour diffamation.

Sur son compte twitter Philippot indiquait « Le Qatar ne me fera pas taire. Une dictature islamiste n’a pas à dicter aux Français ce qu’ils ont le droit de dire. Appel aux démocrates !

Parmi les réactions sur twitter : « Le Qatar,en attaquant @f_philippot, fait un cadeau magnifique au FN. Et si Mignard est leur avocat, c’est la cerise sur le gâteau. (Polydamas ‏@Polydamas) »

Les avocats qui représentent le Qatar sont Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande, et Francis Szpiner, proche de Jacques Chirac.

Les reproches du Qatar reposent sur des déclarations de Florian Philippot que BFMTV rappelle : « Le Qatar est régulièrement la cible des attaques du Front national. A deux reprises en janvier, Florian Philippot s’est exprimé publiquement sur le sujet: le 9 janvier, il a désigné ce pays du golfe comme l’un des Etats qui « financent l’islamisme qui tue ». Dix jours plus tard, sur BFMTV, il a soutenu que « les preuves » pour soutenir cette affirmation étaient « pléthore ».

En attaquant Florian Philippot même avec des « grands avocats » pour diffamation, le Qatar prend le risque de voir l’ensemble des éléments à charge rassemblés par les avocats de Philippot et créer un « doute » encore plus important. Les défenseurs de Philippot ne manqueront pas d’évoquer les récentes évolutions de la loi qatarienne qui essaie d’empêcher les financements des particuliers via notamment le réseau humanitaire prouvant ainsi qu’il y avait des failles. En outre l’aide apportée par le Qatar avec d’autres pays pour déstabiliser en Syrie Bachar el Hassad sera sans doute mise sur la table, comme le soutien en Egypte aux Frères Musulmans ou les informations concernant le Mali et bien d’autres…

Tout cela concoure à créer un doute qui peut persister bien au-delà d’un procès interminable contre un élu européen.

Alors que les sondages en France concernant le Qatar et la Coupe 2022 ne cessent de montrer que son image se dégrade, les multiples erreurs de communication dont le Qatar est responsable vont rendre encore plus complexe la possibilité de montrer une autre « image » de ce pays. C’est ce qu’on appelle se tirer un balle dans le pied.

 Le Qatar avait-il vraiment besoin de déposer une plainte alors que le 13ème Congrès des Nations Unies pour la prévention de la criminalité et la justice pénale s’est déroulé du 13 au 19 avril 2015 à Doha, au Qatar, en présence du chef du Directorat du Comité des Nations Unies contre le terrorisme (CTED), Jean-Paul Laborde ? On imagine mal un congrès se tenir à Doha si à ce niveau on pensait que le Qatar a fauté. D’ailleurs Jean-Paul Laborde a répondu aux questions du Centre d’actualités de l’ONU en parlant justement du financement du terrorisme international.

 

L’évolution du financement du terrorisme évolue en permanence

La prévention et la lutte contre le financement du terrorisme est l’un des thèmes discutés au 13ème Congrès des Nations Unies pour la prévention de la criminalité et la justice pénale, qui se déroule jusqu’au 19 avril à Doha, au Qatar.

Les organisations terroristes ont besoin de fonds pour recruter leurs membres et subvenir aux besoins de ces derniers, entretenir leurs plates-formes logistiques et conduire leurs opérations.

De nombreux États ne disposent pas des cadres juridiques et opérationnels ni de l’expertise technique nécessaires pour détecter les activités de financement du terrorisme, mener des enquêtes sur ces activités et en poursuivre les auteurs. C’est pourquoi le renforcement de la coopération internationale est jugé nécessaire pour prévenir et lutter contre le financement du terrorisme.

Le Centre d’actualités de l’ONU s’est entretenu avec le chef du Directorat du Comité des Nations Unies contre le terrorisme (CTED), Jean-Paul Laborde, qui participait au Congrès contre le crime.

Centre d’actualités de l’ONU : Les groupes terroristes ont besoin d’argent pour mener leurs activités meurtrières. Pouvez-vous nous donner des exemples des circuits utilisés par ces groupes terroristes pour se financer ?

Jean-Paul Laborde : Cette question a beaucoup évolué depuis ces dernières années. Au départ les groupes terroristes se finançaient en faisant des collectes auprès des gens et grâce au blanchiment d’argent venant d’organisations criminelles. Actuellement, nous voyons une évolution extrêmement importante, surtout depuis la naissance du phénomène des combattants terroristes étrangers. Premièrement, dans certains pays, le fait que les groupes terroristes aient accès à un territoire leur permet d’avoir accès aux taxes, au système bancaire. Les succursales dans les zones contrôlées par les organisations terroristes reçoivent de l’argent ou en échangent avec l’étranger. Les combattants terroristes étrangers amènent aussi de l’argent dans les zones de combat ou bien se financent à travers des messages déguisés sur l’Internet. Voilà les nouvelles formes de financement du terrorisme et je pense qu’effectivement il faut absolument les combattre. Une autre forme qui est aussi extrêmement importante, c’est la prise d’otages pour rançon. On estime à peu près entre 20 et 45 millions de dollars par an la possibilité de financement par prise d’otages et rançon. D’autres formes de financement sont possibles comme la vente d’antiquités. Une forme de financement peut remplacer une autre, et c’est un gros problème. Par exemple, s’il y a une baisse de la production du pétrole, pour diverses raisons, dans une région contrôlée par une organisation terroriste, alors ils vont augmenter la vente d’antiquités.

Centre d’actualités de l’ONU : Pouvez-vous nous expliquer ce que la communauté internationale fait, et en particulier l’ONU, pour prévenir et combattre le financement du terrorisme ?

Jean-Paul Laborde : Ce combat n’est pas nouveau. Ce combat date d’une quinzaine d’années à peu près, mais on a effectivement au début concentré les actions sur les questions de blanchiment d’argent, c’est-à-dire les mécanismes financiers de pays off-shore ou encore les transferts illégaux d’argent. Maintenant, il y a beaucoup plus de menaces qui proviennent du phénomène des combattants terroristes étrangers, donc il faut s’attaquer à ce phénomène-là et le Conseil de sécurité, qui est l’organe qui réagit souvent le plus vite à l’ONU, a adopté la résolution 2178 lors d’un Sommet en septembre dernier. Le Conseil a pris des dispositions précises pour l’incrimination des nouvelles formes de financement du terrorisme. La coopération internationale a aussi été un des éléments dont il a été question et qu’il faut absolument mettre en œuvre, en plus de la détection des flux financiers grâce aux renseignements financiers.

Centre d’actualités de l’ONU : Quelles sont les failles actuelles dans la lutte contre le financement du terrorisme ?

Jean-Paul Laborde : Les failles viennent des nouvelles formes de financement. Par exemple, les failles viennent du fait qu’il faut empêcher des gens de passer les frontières avec de l’argent sur eux. C’est très compliqué. Par exemple, les frontières sont souvent aux alentours des zones contrôlées par des organisations terroristes. Elles sont souvent aussi empruntées par les organisations humanitaires. Donc il ne faut pas se tromper. Il y a beaucoup de gens qui appartiennent à des organisations terroristes et qui arrivent à traverser les frontières assez facilement. La communauté internationale doit avoir une action sur le contrôle des frontières, aider les pays qui en ont besoin. Deuxièmement, il faut arriver à isoler les circuits bancaires qui sont dans les zones contrôlées par les organisations terroristes. C’est en train de se faire. On s’appuie sur les dernières résolutions des Nations Unies. Des dispositions sont aussi prises au niveau du Groupe d’action financière (GAFI), et au niveau des GAFI régionaux, et en particulier ici le MENAFATF (Middle East & North Africa Financial Action Task Force).

Centre d’actualités de l’ONU : Vous avez mentionné la coopération internationale. En quoi, cette coopération internationale est-elle importante pour combattre le financement du terrorisme ?

Jean-Paul Laborde : Non seulement elle est importante, mais il faut qu’elle change. Nous avions une coopération internationale traditionnelle avec en particulier des échanges d’information à travers des systèmes judiciaires qui prenaient les voies traditionnelles. Or, avec les transferts de flux financiers par l’Internet ou même les transferts de flux financiers par des gens qui passent les frontières, il faut trouver d’autres moyens pour contrer ce type de financement. C’est pourquoi la coopération internationale immédiate est nécessaire. C’est un peu une révolution parce que les coopérations internationales sont la plupart du temps lentes. La question du financement avait déjà bénéficié d’une réaction plus rapide de la coopération internationale mais il faut aller encore plus vite et c’est là-dessus que nous portons nos efforts pour que cette coopération internationale, tant sur le plan du renseignement que sur le plan de la collection des preuves, aille beaucoup plus vite. Pourquoi ? Parce que l’on ne doit pas accepter l’impunité de ceux qui financent ou de ceux qui obtiennent des fonds. La lutte contre l’impunité, cela veut dire que tous ces gens doivent passer en justice. On ne peut pas travailler au sein de la communauté internationale sans avoir la vision d’un système de justice pénale qui soit en première ligne contre le financement du terrorisme.

Etonnant que le Qatar choisisse la France pour essayer de faire un « exemple », à moins que les dirigeants de ce pays estiment avoir une certaine autorité dans notre pays. En cela ils commettraient une faute lourde!