Le combat de Morello au Qatar, une histoire de valeurs

La tradition qatarienne disparait à la vitesse de l’augmentation du nombre d’expatriés. Les qatariens paient auprès de l’opinion publique souvent des actes effectués par des expatriés qui se servent et subissent le système de la Kafala. Pour être un état le Qatar doit avoir une justice digne de ce nom, le livre de Morello montre que nous en sommes loin.

Vivement que je rentre chez moi … à Doha

« Je suis abattu, dévasté, harassé. J’ai envie de dormir. A travers le hublot je commence à percevoir les lueurs de Doha. Incrédule je me surprends à penser : – Vivement que je rentre chez moi…-  »

« Séquestré au Qatar » le livre que publie Morello aux éditions Max Milo, est un ouvrage facile à lire que l’on dévore, mais ne vous y trompez pas il va vous marquer. Un français attiré par la magie du désert et la tradition qatarienne qui disparait à la vitesse de l’augmentation du nombre d’expatriés. Morello dérange, les qatariens, les français mais surtout ces strates d’expatriés utilisant et subissant le système de la Kafala qui leur permet de diriger le Qatar au quotidien. Alors quand Stéphane Morello l’entraineur de football français combat pour faire reconnaître son rôle de victime, d’un système qui vient de lui voler 5 ans de sa vie, il apparait comme un extraterrestre. Pire, arrivera-t-il à convaincre que désormais « son chez moi c’est Doha ? »

 

Comment peut-on vivre dans un pays où règne le fait du prince ?

Quelques jours avant la réception d’un mail de Stéphane Morello, pour me dire qu’il m’envoyait son livre, je me posais la question, pourquoi diable Stéphane reste dans ce pays qui ne le mérite pas ? Alors quand j’ai reçu « Séquestré au Qatar, » je me suis efforcé de trouver dans ces 222 pages, les raisons profondes qui font qu’un homme qui a tant souffert puisse continuer à vivre aux côtés de son « bourreau ».

Morello nous conduit dans les couloirs du Comité olympique qatarien haut lieu du football au Qatar. Il nous explique ce que nous supposions, les qatariens appartenant à la vingtaine de tribus qui dirigent le Qatar ne participent que rarement à un match de foot, ni en tant que joueur ni en tant que spectateur. Morello nous fait pénétrer dans les méandres du football qatarien où des expatriés règnent sur d’autres expatriés grâce au système de la Kafala. Ce que nous avons du mal à admettre en tant qu’observateur du Qatar, c’est que la plus part des faits que l’on reproche aux qatariens, sont dans la vraie vie « exécutés par des expatriés », livrés à eux-mêmes et qui doivent avant tout atteindre des objectifs. Mais comme ces qatariens ont créé le système et le font perdurer, alors qu’il produit un esclavage qualifié de moderne, ils en demeurent les coupables aux yeux de l’opinion publique.

En plus du football, Morello nous fait découvrir la « jungle qatarienne » de ce qui ressembler de très loin à ce que nous qualifions dans le monde occidental sous le vocable de « justice ». Une des plus grandes faiblesses de ce territoire qui se veut un état, le Qatar. Comment peut-on vivre dans un pays où règne le fait du prince ? Où les organismes internationaux ONU, Amnesty International, HRW et autres rédigent des rapports qui ne produisent que des améliorations à la marge. Comment peut-on continuer à vouloir vivre dans ce petit bout de désert où on a tant de mal à trouver un qatarien ?

 

Le paradoxe qatarien

L’hospitalité dont les qatariens font preuve lorsque vous campez dans le désert est incroyable. « Il faut dire que dans le désert, il existe une loi non écrite qui prévaut ; l’assistance inconditionnelle »… « Régulièrement, lorsque, au moment du départ, je me rendais jusqu’au campement pour ramener ce qui m’avait été porté et exprimer mes remerciements, je rencontrais le chef de camp. C’était l’occasion d’un échange enrichissant où je comprenais que la personne que j’avais en face de moi, en tenue très décontractée, était un membre d’une riche famille qatarie et que j’aurais tout aussi bien pu le rencontrer à Doha vêtu de la tenue traditionnelle ou dans un palace à Paris, Londres ou New York en costume haute couture. »

Ce que Morello nous raconte vient confirmer ce que d’autres qui ont vécu au Qatar nous rapportent lorsqu’ils passent par les locaux de « Qatrainfos.net ». Comment ces hommes si généreux dans le sable du désert se soucient si peu des « humains » une fois sur le bitume ?

En cours de rédaction…