La Libye doit être gérée par l’Europe pendant une décennie

Lorsque les historiens examineront la période concernant la chute du dictateur Kadhafi et le désengagement qui a suivi, comment seront qualifiés les pays qui ont contribué à sa perte, des libérateurs ou des criminels ? Ce qui se passe aujourd’hui en Libye va déstabiliser l’Italie et l’Europe.

 

Abattre un dictateur ne suffit pas

Le 21 octobre 2011, le media « Le Monde écrivait » – La disparition de Mouammar Kadhafi sonne non seulement le glas des combats sur le sol libyen, mais également celui de l’engagement de l’OTAN. « C’est un moment historique, c’est la fin de la tyrannie et de la dictature. Kadhafi a rencontré son destin », a annoncé un porte-parole officiel du Conseil national de transition (CNT). « Sa mort va mettre fin au bain de sang et au martyre de notre jeunesse ». Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, devait annoncer dans la soirée de jeudi, ou vendredi au plus tard, la libération totale du pays. Jeudi, un haut responsable militaire du CNT affirmait déjà que la ville de Syrte, dernier bastion de résistance des troupes loyales à l’ancien dictateur, avait été « totalement libérée ».

Quatre ans après le mouvement de la Révolution de Jasmin que Kadhafi avait tenté de réprimer et après la mort du dictateur, la Libye est dans un chaos qui a des conséquences pour l’Europe. Depuis le début de l’année, dans un flot continu, la Libye aux portes de l’Italie, devient « le passage » pour échapper aux drames qui frappent l’Afrique et le Moyen Orient. Croyant échapper aux misères et souvent à la mort, des femmes, des enfants et des hommes tentent une aventure qui se termine de plus en plus au fond de la méditerranée. Exploités sans vergogne par des mafieux et terroristes sous le regard d’une Europe inconsciente du drame qui se joue sous ses yeux.

Lorsque les historiens examineront la période concernant la chute du dictateur Kadhafi et le désengagement qui a suivi, comment seront qualifiés les pays qui ont contribué à sa perte des libérateurs ou des criminels ?

 

L’Europe s’apprête à faire un mauvais choix

Le chaos qui règne en Libye peut durer longtemps si l’Europe ne s’engage pas dans un processus de démocratisation et de désarment de ce pays. Ce n’est pas parce que on va bâtir une forteresse et accueillir quelques dizaines de milliers de personnes que le problème sera réglé.

L’ingérence de l’Europe est une nécessité tant pour nous européens que pour la Libye. Qui peut croire que dans une Europe en crise économique les peuples vont accepter des arrivées massives d’étrangers ? L’Italie sera bientôt déstabilisée car aux premières loges d’une problématique de générosité mais aussi de racisme qui se développe. Le peuple italien torturé par un passé récent d’extrémisme risque de basculer à son tour dans un chaos dangereux pour l’Europe. Les liens privilégiés entre l’Italie et les USA en matière militaire freinent au-delà des discours une intervention en Libye des européens.

Or, l’Europe n’a pas le choix, elle doit prendre en main la gestion de la Libye pour la décennie qui vient, désarmer ce pays, remettre de l’ordre, préparer des élections, aider le futur gouvernement à mettre en place une administration, une police, une justice, une armée et relancer l’économie. Pour faire tout cela il faudra bien tout ce temps.

L’Otan qui a contribué à ce désastre doit contribuer aux cotés de l’Europe à cette tâche immense. Il ne saurait être question ici de néo-colonialisme mais d’une nécessité vitale pour l’Europe, car toutes les forteresses ne contribueront pas à endiguer la vague qui va nous submerger.

Au nom de la neutralité et de la non-ingérence l’Europe s’apprête à faire un mauvais choix, se fortifier et laisser mourir, ce qui nous fait dire que décidemment cette Europe-là ne correspond vraiment plus à un idéal.