Itron, le profit avant tout

Depuis des années c’est la même ritournelle, « c’est moins cher ailleurs mon brave monsieur, en tant que responsable de l’entreprise je n’ai pas le choix, les actionnaires me regardent. » Or, les actionnaires chez Itron sont américains, alors la France où ailleurs quelle importance. Existe-t-il des solutions pour faire face aux actionnaires, oui, mais il faut du courage.

 

Une entreprise cela raisonne simplement

Nous nous félicitons tous des investissements étrangers en France et quelques fois les entreprises qui viennent dans notre beau pays sauvent ou créent de l’emploi. Coupures de presse et même quelques télés mettent en valeur le travail inlassable de nos politiques et nos administrations. Cette dynamique rassure et on rêve un instant d’avoir une perspective devant soi.

Mais nous savons tous, pour l’avoir vécu des dizaines de fois, que ceci ne dure jamais très longtemps. Nous nous sommes interrogés, pour savoir si on pouvait combler un actionnaire américain, français ou autre, la réponse est d’une simplicité extraordinaire, un actionnaire est impossible à rassasier.

Tant que l’entreprise gagne de l’argent, nous pouvons croire que nous sommes à l’abri, mais non, il ne faut oublier la règle, l’actionnaire demande plus. Alors dans l’affaire Itron et les fameux « compteurs intelligents Linky », lorsque les politiques de tous bords manœuvrant comme des « chefs » ont réussi à obtenir une commande de 1,2 millions de compteurs intelligents, ils étaient fiers. Un instant ils ont cru avoir accompli leur mission et sauvegarder l’emploi dans cette belle ville de Chasseneuil du Poitou. Mais ils avaient oublié les « actionnaires ».

Puisque la commande était là, le grand dirigeant qui représente les actionnaires a réfléchi simplement, il a demandé à la direction locale de Chasseneuil du Poitou de lui proposer une alternative pour les produire ailleurs, tiens au hasard en Hongrie. La réponse ne s’est pas fait attendre, le directeur local a indiqué au Big Boss américain qu’au lieu de 30 € le compteur, on pouvait l’avoir à 7 € en Hongrie. Et la suite vous la connaissez, « c’est moins cher ailleurs mon brave monsieur, en tant que responsable de l’entreprise je n’ai pas le choix, les actionnaires me regardent. »

Et si les actionnaires étaient français que se passerait-il, c’est une question que l’on doit se poser ? Sans doute nous pourrions rêver quelques jours de plus, ou tomber sur un « patriote économique », mais la réponse serait sans doute la même pour un groupe de la taille d’Itron.

 

Existe-t-il des solutions ?

Oui, mais il faut un peu de courage !

En premier lieu les politiques auraient dû imposer une clause sur la localisation de la production. Certains vous diront, « cela n’est pas possible » car les lois internationales sur la concurrence et tutti quanti… Ces gens-là sont entrain de vous embrouiller, vous aussi vous devez raisonner simplement ou alors vous ne jouez pas comme les actionnaires. Si le travail ne se fait en France la commande ne peut être attribuée.

En deuxième lieu il faut préparer l’avenir et rechercher déjà d’autres actionnaires, car il est probable que les américains aient envie d’aller voir ailleurs. Pour cela il faut employer les politiques c’est leur job.

Enfin, il faut toujours se préparer à reprendre son entreprise avec une structure où les salariés sont partie prenante. On pense souvent que ce n’est pas réalisable, or, il est fortement possible qu’à terme la meilleure des solutions soit encore que le salarié devienne actionnaire de sa propre entreprise. C’est une solution qui peut paraître « ancienne » on pourrait découvrir que c’est la voie la plus moderne. C’est toujours mieux que de devenir tous des « autoentrepreneurs » afin de faire disparaître la classe ouvrière.

Mais rappelez-vous, si un jour vous devenez une « nouvelle race d’actionnaires » qu’il faudra vaincre cette faim incessante qui vous dévore et qui est capable de tuer l’arbre qui porte ses fruits…