Le pouvoir de médiation au Moyen Orient se complexifie

Les conséquences du démantèlement de l’axe Turquie – Egypte et Qatar se fait sentir. Et si les américains reconnaissaient leur erreur ?

Le choix américain de donner le pouvoir à l’Arabie saoudite peut-il être remis en question ?

Lorsque les américains ont donné le feu vert à l’Arabie saoudite pour reprendre le leadership au Moyen Orient et plus largement dans la zone Mena, une des conditions était de ramener « un calme relatif » dans cette zone et contribuer à l’atomisation de certains états comme l’Iraq, la Libye, la Syrie… La pièce maîtresse de ce nouveau deal était la déstabilisation de l’Egypte et l’écrasement de la force transversale que représentaient les frères musulmans. L’axe Turquie – Egypte et Qatar inquiétait non seulement les saoudiens mais aussi Israël et dans une certaine mesure les USA. Trop forts et trop vite et quelquefois à contre-courant des desiderata des américains en particulier sur les relations Palestine et Israël. On vient de découvrir en partie que le Hamas s’était équipé de matériels plus modernes et en nombre et qu’ils avaient reçus de l’aide pour cela, aussi bien en matière financière que pour passer les matériels par les tunnels reliant l’Egypte à Gaza.

L’Egypte sorti de l’axe Turquie – Egypte et Qatar et rentrant dans un nouvel ordre Arabie saoudite – Egypte – Emirats Arabes Unis essaie de jouer son rôle de médiateur comme dans le passé. Mais la méthode de changement de dirigeant,  les actions guerrières envers les frères musulmans et l’effondrement des tunnels reliant l’Egypte à Gaza ne mettent pas l’Egypte en posture de médiateur. Il passe aujourd’hui pour le faire valoir des américains et des israéliens ce qui au Moyen Orient n’est pas le bienvenue. L’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis sont quant à eux d’une grande discrétion car ils ont bien compris que descendre dans l’arène des rapports Israël – Palestine c’est se bruler les ailes et s’il le fallait, il veut mieux que l’Egypte perd la face plutôt qu’eux.

Les américains surveillent comme le lait sur le feu l’incursion des israéliens à Gaza, car ceux-ci sont aussi capables d’être excessifs et mettre la région à feu et à sang. Les évènements qui se passent en Turquie sont à regarder attentivement. Ce qui se passe en France aussi, on peut interdire toutes les manifestations contre Israël pour autant le nombre de morts s’il venait encore à s’amplifier et l’intervention terrestre le présage,  donnerait à la communauté pro-palestinienne des raisons de braver l’interdiction et on sait comment cela se termine. Le gouvernement français est sur le fil du rasoir.

Il est important que l’incursion israélienne soit la plus courte possible et qu’au moins une fin de conflit vienne. Si dans un deuxième temps un accord pouvait intervenir, ce qui est peu probable, il serait le fait du trio Turquie, Qatar, Hamas et d’une certaine manière sous la bénédiction de l’Egypte. Ce scenario est difficile à imaginer mais la Turquie et le Qatar mettront tout en œuvre pour y arriver avec le Hamas même si cela déplait à Israël.

Les américains pragmatiques sont capable une nouvelle fois de changer de fusil d’épaule et de redistribuer les cartes… Affaire à suivre.