Derrière les sourires de façade que faut-il penser de la visite de l’émir du Qatar en France?
L’annonce des Rafales reportée à une autre date
L’époque de la France « amie » du Qatar cède le pas à des rapports « normaux », de pays qui se respectent et qui ont des intérêts communs. L’époque de rapports « enfantins » permettant tous les excès est bien révolue, sans doute cette relation d’adulte est nécessaire pour que s’estompent les « fantasmes » sur un pays qui essaie de se faire une place au soleil, le Qatar.
Le Qatar est un pays d’environ 280 000 personnes, de confession wahhabite, situé dans le Golfe arabo-persique, indépendant depuis 1971. Il n’a pas notre vieille histoire française. Il est en construction et en bouleversement à une vitesse qui déstabilise tant les qataris que les observateurs de ce pays.
Hollande a accueilli avec le sourire un émir Tamim entouré par une délégation d’hommes tous en habits occidentaux. La France est le premier pays occidental que visite l’émir Tamim officiellement, c’est un geste distinctif pour un émir qui connaît notre pays et parle couramment français.
Cette visite était l’occasion de faire le point sur nos relations économiques et stratégiques. Pas d’annonce de vente du Rafale mais la signature de contrats avec les sociétés Vinci et Alstom d’un montant de 2 milliards qui vient s’ajouter à la lettre d’intention de celui des hélicoptères et ravitailleurs pour environ 2,4 milliards et quelques contrats notamment dans le câblage, études autres ce qui porte le total à plus de 5 milliards pour les 6 premiers mois de l’année.
Sur l’affaire du Rafale, soit l’annonce se fera lors de la journée du 25 juin, premier anniversaire du règne de l’émir soit elle est reportée à une date ultérieure, en sachant qu’à partir du 29 juin démarre le Ramadan jusqu’à fin juillet, on évite pendant cette période sauf nécessité absolue de parler de matériels de guerre. La France à raison d’être techniquement « confiante » mais la décision sera éminemment politique. Les américains ont une force de persuasion énorme face au Qatar, ils les protègent actuellement d’un environnement hostile comme l’Iran, l’Arabie saoudite et quelques fois même les Emirats Arabes Unis.
Ce qui est intéressant dans l’affaire du Rafale c’est que le Qatar ne demande pas un transfert de technologie aussi important que l’Inde mais il y aura sans doute si le contrat vient à se signer des contreparties comme une plus grande ouverture du marché français de l’aérien à Qatar Airways. L’émir Tamim descend d’une famille de bédouins redoutables négociateurs le dossier Rafale s’il est en bonne voie demandera encore aux négociateurs français une grande finesse.
La couverture médiatique de la visite de l’émir
Si avant sa venue peu de journaux en parlaient ces dernières 48 heures ont été fertiles en communications de toutes sortes. Certaines se détachent du lot, celle de I télé qui explique simplement la situation actuelle du Qatar en la situant dans son contexte du Golfe. Celle de France 24 où Karim Sader relativise les investissements qataris en France. Celle de France 2 qui m’a surpris par son double langage, cette chaîne a mis en exergue le rôle du Qatar sur le financement des groupes djihadistes avec un invité qui essayait pourtant de dire que tout cela n’était pas très évident à démontrer, pas terrible …
Au menu des discussions les évènements Irakiens, syriens, maliens et autres qui montrent que ces deux pays peuvent avoir intérêts à rapprocher leurs positions pour être ensemble plus fort.
Avec l’énergie des 34 ans, l’émir Tamim doit s’attaquer sérieusement aux problèmes qui brouillent l’image du Qatar, droits de l’homme, droit du travail, corruption… Certes lorsque il s’inscrit dans l’histoire en demandant du temps pour reformer son pays cela peut se comprendre mais il sait, lui qui est né au temps de la communication, que les délais ne sont plus les mêmes et que le retard qu’il prend lui est préjudiciable ainsi qu’à son pays. La question qu’il se pose tous les matins en se levant est « si demain un pays décide de m’envahir si les américains ne bougent pas qui viendra nous aider » ? La réponse est simple à ce jour : personne. C’est pour cela que la France à une chance sérieuse de vendre des Rafales au Qatar.