Le premier ministre du Qatar un an plus tard

Abdullah Bin Nasser Bin Khalifa Al Thani a été nommé premier ministre du Qatar il y a un an. Quel bilan peut-on tirer de son travail et de son gouvernement ?

Un homme discret et peu connu à l’international

Abdullah Bin Nasser est un ancien militaire,  sa feuille de route dictée par l’émir Tamim s’appuie sur deux piliers discipline et réussite. Il a gardé le ministère de l’intérieur élément stratégique au Qatar.

Pour ce qui concerne la discipline il atteint sa mission car il n’a pas comme son prédécesseur fait de l’ombre à l’émir. C’est un homme de grande discrétion qui prend possession de la sphère politique interne dans un calme déroutant. On dirait qu’il est là pour les mille prochaines années.

Pour la réussite, le bilan est plus contrasté. Son gouvernement est certes actif mais les résultats sont médiocres. Celui qui a été le plus sous les feux de l’actualité est le ministère du travail avec l’affaire des travailleurs migrants. Techniquement et politiquement ce ministère n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Dans le précèdent gouvernement, du temps de l’émir Hamad ce ministère n’a pas adapté ses ressources à l’explosion du nombre de migrants et malgré une volonté de rattraper le retard il est loin de remplir sa mission. Lors de la récente communication sur les modifications des droits du travail il est apparu sous tutelle.

L’autre difficulté, concerne la politique étrangère, Khaled AL-ATTIYAH, ministre des Affaires étrangères du Qatar donne l’impression de s’autogérer. L’international est le point faible du premier ministre Abdullah Bin Nasser, c’est un illustre inconnu au niveau mondial, pris entre l’émir Tamim qui à la tache de représenter son pays et un ministre des affaires étrangères à forte personnalité.

La gestion d’un gouvernement dans un pays non démocratique où la famille royale joue un rôle clé rend sa mission par moment très difficile. C’est le cas en matière culturelle où la sœur de l’émir Scheikha al Mayassa a une telle autorité que le ministre de la culture est quasi inexistant.

En un an il certainement tôt pour se forger une opinion mais Abdullah Bin Nasser a su pendant la crise avec ses voisins du Golfe garder son sang-froid ce qui affirme sa personnalité. S’il n’y a pas de difficulté majeur dans sa gestion interne du pays on ne ressent pas encore d’amélioration pour la vie des qataris et des autres résidents. Or, l’aura internationale du Qatar décline par son recentrage de politique étrangère,  l’affaire de la Coupe 2022 et quelques choix internationaux pas très opportuns. Il est vital qu’au moins en interne les qataris voient leur quotidien s’améliorer.