Un qatari avec qui je discutais récemment me disait « oftentimes that which doesn’t kill us makes us stronger », (bien souvent, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort).
Nous avons juste besoin d’un peu de temps
Un ami qui a vécu plusieurs années au Qatar et qui réside aujourd’hui à Nice, m’avouait, que chaque jour qui passe, il pensait à ce pays. « Tu peux en partir il te colle à la peau comme après une tempête de sable. On peut passer du rêve au cauchemar en quelques jours mais aussi gagner des fortunes en quelques heures. Tout est possible et c’est bien là le piège. Sache bien une chose, c’est un vrai pays. »
Voilà 11 mois que le nouvel émir Tamim al-Thani, du haut de ses 34 ans dirige le Qatar. Avec sa famille, un cercle de quelques centaines de qataris et une poignée de « mercenaires économiques, militaires et politiques », ils tiennent à bout de bras un pays qui a acquis son indépendance en 1971. Mais c’est réellement à partir de 1995 avec la prise de pouvoir par Hamad al-Thani père de Tamim que le Qatar se bâtit un destin.
Hamad, sa femme Scheikha Moza, un premier ministre HBJ et quelques collaborateurs font de ce pays un acteur incontournable dans le monde. Ils font émerger, en se servant des ressources dégagé du gaz et de ses produits dérivés « sur cette terre oubliée des dieux », une ville Doha et quelques satellites où vivent aujourd’hui quelques 2 150 000 personnes dont 280 000 qataris.
L’inquiétude de ses voisins a grandi à chaque pas en avant accompli par le Qatar. Participant actif aux Printemps arabe avec sa plateforme médiatique Al Jazeera, Tamim à l’ombre de son père s’est fait les dents. Le Qatar a cru un instant pouvoir déstabiliser tout le Moyen Orient et la tribu al-Thani supplanter y compris les « al-Saoud ».
L’Arabie a mis du temps à réagir mais aujourd’hui elle a rétabli une situation qui demeure « instable » quel que soit le pays qui est à la manœuvre. Les saoudiens entendent présenter « la note » au Qatar et s’assurer que plus jamais on ne revivra le cauchemar « des frères musulmans » élément politique de l’avancée expansionniste du Qatar.
René Naba analyste indépendant produit un article sur l’accord du 19 avril 2014 à Ryad entre le Qatar et ses voisins. Une analyse au vitriol qui présente un avenir du Qatar bien sombre. Pour le plaisir, la connaissance et la pertinence c’est un document à lire.
Toutefois je ne partage pas l’idée de la « reddition en rase campagne » par le Qatar. Ce pays a besoin encore d’un peu de temps pour continuer à avoir des relations avec le monde entier. Il ne se passe pas un jour sans qu’un personnage important d’un pays vienne établir des liens avec le Qatar. Ce pays a besoin d’un peu de temps pour continuer à s’armer même s’il est sous parapluie américain. L’Arabie saoudite d’ailleurs entreprend des démarches pour affaiblir ce parapluie tout en parlant de l’élargir.
Ce pays a besoin d’un peu de temps pour bousculer le social et le politique de tout le Golfe. Si le Qatar arrive à garder la Coupe du Monde 2022 et qu’il fait évoluer le droit social et politique sur son sol l’onde de choc peut être aussi importante que « les printemps arabes ». Ce pays a besoin d’un peu de temps pour sortir de la dépendance du gaz et ses dérivés. Il est en train de réussir.
La question que l’on peut se poser aujourd’hui, est ce que l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis auront le « courage insensé » d’asphyxier et d’annexer le Qatar ? La réponse est certainement non ! Et lorsque le « peu de temps » se sera écoulé le Qatar sera si puissant qu’ils ne pourront plus l’atteindre. Le commando de trentenaires très militarisés qui dirige le Qatar doit par bonds de géants faire évoluer le Qatar et l’encrer fortement dans la scène internationale. C’est là, sa seule chance de survie.