Ce n’est pas moi c’est l’autre

Code du travail ou kafala

Plusieurs medias internationaux croient savoir qu’une prochaine initiative sera prise par le Qatar. Les autorités de ce pays veulent  protéger les travailleurs expatriés par une charte contenant des recommandations. Ceci devrait permettre de dire au Qatar « voyez ce n’est pas moi mais  certaines  entreprises qui n’appliquent pas la charte. »

Le Qatar ne sortira pas de la tourmente

Le coup de la charte n’est valable que si elle vient après une modification consistante du code du travail et l’embauche d’au moins 500 inspecteurs et contrôleurs du travail avec les pouvoirs en conséquence. Les plus grandes difficultés pour les travailleurs expatriés vont s’étaler de 2014 à 2020. C’est sur cette période que le nombre de travailleurs sera au plus haut. Ensuite il va décroitre en ce qui concerne les travailleurs du bâtiment et travaux public mais vont arriver les emplois de services qui posent en général moins de problèmes.

Le Qatar a parfaitement les moyens de trouver ces 500 inspecteurs et contrôleurs du travail pendant 5 ans et modifier le code du travail de façon à faire disparaître le système de sponsorship kafala, de faire payer les salaires par virement et les autres revendications existantes. Il faut simplement qu’il affronte les responsables du patronat local et l’Arabie saoudite.

Le seul à pouvoir modifier l’histoire c’est l’émir Tamim

Cette affaire de maltraitance des travailleurs expatriés qui ne peuvent pas se retirer de leur travail en cas de danger, repose uniquement sur le système du Kafala. Les deux seuls pays où ce système s’applique dans toute sa cruauté ce sont le Qatar et l’Arabie saoudite. Le salarié est dépendant d’un maître sur tous les actes vitaux pour lui. L’employeur expatrié qui a créé une affaire au Qatar est totalement dépendant de son sponsor qui peut vider les caisses de l’entreprise à tout moment. Or pour ceux qui ont lu le projet de cette charte, à aucun moment on parle de la suppression du système kafala sponsorship, alors que l’essentiel des difficultés vient de là.

Le Qatar s’est fourré dans un piège avec cette coupe du monde 2022, il est sous les feux des projecteurs et pendant encore de nombreuses années. L’initiative ne peut venir que du plus haut du pays. L’émir Tamim est le seul à pouvoir faire taire le patronat local et quelques conservateurs moyenâgeux. Il sait pertinemment que son premier choix d’attaquer la planète entière via un cabinet d’avocat ne peut fonctionner. D’ailleurs leur mission a déjà été modifiée plusieurs fois en quelques semaines. L’émir Tamim n’a pas d’autre solution que de faire évoluer le système du Kafala sponsorship, toute autre décision du style d’une charte ne servirait qu’à dire ce n’est pas moi mais c’est l’autre. C’est du niveau de l’infantilisme ou du « foutage » de gueule, dans les deux cas inacceptable.