L’erreur historique de l’Egypte du 23 septembre 2013

En interdisant toute activité aux frères musulmans, les autorités égyptiennes commettent une grossière erreur.

On ne peut pas anéantir la pensée de 15 à 20 % de la population

L’histoire en général et celle de l’Egypte en particulier montre que même si c’est complexe il vaut mieux aller de l’avant que de retourner vers le coté sombre d’un pays.

Or en interdisant toute activité et toute organisation qui en découle aux frères musulmans, les autorités égyptiennes commettent une grossière erreur. C’est dire à 15 ou 20 % de la population « vous n’avez plus le droit de penser ».

L’Egypte n’est pas un petit confetti de quelques centaines de milliers d’habitants mais un énorme pays. En interdisant l’expression politique à une organisation comme les frères musulmans l’Egypte renforce ceux qui au sein de cette « confrérie pensent que puisque la légalité n’existe plus » ils n’ont pas d’autres choix que de faire comme dans le passé et rentrer en « résistance » contre le pouvoir en place.

Nous assistons en direct dans l’indifférence générale à la création d’un foyer de mécontentement de prés de 15 millions de personnes qui considèrent que les élections démocratiques en Egypte ne sont pas la solution pour diriger ce pays.  

 

Eliminer les frères musulmans du jeu politique

L’armée égyptienne sait pertinemment que l’opinion publique internationale interviendra pour demander à nouveau des élections « dites démocratiques ». Elles devront mettre au pouvoir un conglomérat assez vaste pour donner une apparence démocratique et tout cela sous contrôle bienveillant de l’appareil policier et de l’armée.

Il est donc important pour les dirigeants actuels d’instaurer une terreur contre les frères musulmans et surtout de donner une consistance au complot contre l’Egypte par des terroristes. L’objectif visé est lors de prochaines élections de laisser une petite place aux frères musulmans pour qu’ils ne puissent accéder au pouvoir.

Pour les frères musulmans il est essentiel de ne pas tomber dans une réponse systématique aux provocations mais d’avoir assez de fermeté pour garder une place dans le jeu politique. La réorganisation récente lors de la réunion de Francfort va dans ce sens. Et la reprise des manifestations même « dégarnies » aident à l’existence publique.

Reste à faire un travail de fond concernant un programme économique de reconstruction de l’Egypte, une réflexion sur l’intérêt général dans la gestion d’un pays et l’acceptation de l’autre afin de pallier aux carences de la récente prise de pouvoir en Egypte.

Les frères musulmans savent que l’armée est incapable de gérer l’Egypte trop préoccupée à servir ses propres intérêts.  Elle compte sur l’opinion publique égyptienne pour qu’à terme devant l’échec économique annoncé celle-ci retourne à nouveau son regard vers la confrérie.