Qatar les emplois de la discorde

A qui faut-il donner certains emplois de responsables, aux Qataris, ou aux expatriés ? Le microcosme de Doha commence à trouver que les responsables du pays n’écoutent pas assez les Qataris. Que faut-il appliquer, le droit du sol ou la compétence et l’expérience ?

Les réseaux sociaux comme caisse de résonnance

Au départ j’ai pensé que c’était une petite colère d’étudiants à qui on a demandé de faire quelques centaines de mètres pour garer sa voiture. Après ce fût la polémique sur les places réservées à l’Autorité de Gestion des Musées. Maintenant ça touche tout le marché de l’emploi du Qatar. Voici plusieurs jours que les journaux du Qatar font état de commentaires « acides » de jeunes Qataris qui trouvent qu’ils sont maltraités en matière d’emplois et de niveaux de salaires. Et comme il n’y a pas de lieux démocratiques de débats, on se sert des réseaux sociaux avec toutes les dérives que l’on peut imaginer.

La première partie du  problème est la notion d’emplois réservés qui doivent être offerts aux jeunes Qataris dans le cadre de la préférence nationale. On ne parle pas ici des fils de millionnaires qui siègent dans les organes de gestion mais des milliers de jeunes Qataris dont les familles ont un statut souvent de cadres supérieurs, une situation aisée ce qui a permis d’envoyer leur enfants faire des études de très bons niveaux. Mais au retour des grandes écoles internationales lorsqu’ils espèrent « de bonnes places » comme leur parents, ils se trouvent en concurrence soit avec des asiatiques soit avec des occidentaux  et de surcroît comme partout dans le monde, on leur dit « oui tu as un diplôme mais tu n’as pas d’expérience.» Résultat, les places proposées sont moins importantes que prévues et les salaires sont en conséquence.

Confrontation internationale et grands projets demandent des cadres extrêmement pointus

Pour faire face à la confrontation internationale, le Qatar doit rechercher les meilleurs non seulement parmi les Qataris mais dans le marché mondial de l’emploi. Lorsque les journalistes de l’agence Reuters notent la « capture » de quelques grands banquiers dans le monde qui se mettent au service de QIA pour assurer une diversification des avoirs Qataris, ils sont loin de se douter que cela met le feu aux poudres au Qatar. C’est la prochaine polémique qui va arriver dans quelques jours. Et pourtant, il est urgentissime d’élargir le territoire des actifs du Qatar qui sont aujourd’hui à 80 % en Europe. Pour faire les montages financiers de la taille des investissements à venir et souvent du nombre de pays concernés, cela demande des connaissances « extrêmes » avec les salaires qui vont avec.

Alors les polémiques, ce n’est pas fini et il faudra trouver les solutions car imaginer un futur pour un jeune Qatari devient complexe.

Pression et contradiction

 Lorsqu’on examine de prés la population du Qatar qui se situe au total à moins de 300 000 résidents, le nombre de personnes en âge de travailler est tellement faible qu’une pression « extraordinaire » est exercée sur ces  étudiants, travailleurs, entrepreneurs.

Il y a quelques jours le ministre de l’Education Nationale du Qatar a dû rencontrer des parents d’élèves en désespérance par l’échec scolaire de leurs enfants. Aux parents qui contestaient la notation trop sévère, le ministre a répondu qu’il s’agissait de la crédibilité de la valeur des diplômes des étudiants qataris et qu’ils ne pouvaient pas être bradés.

Une pression qui aboutit à terme à une reconnaissance peut être supportable mais si « in fine » on se retrouve sous les ordres d’un expatrié même très compétent alors que depuis votre enfance on vous a programmé pour diriger il y a là une contradiction que les jeunes Qataris vivent douloureusement. La récente expression du ministre des affaires étrangères « un qatari vaut une nation » parait pour certains un effet de manche ou plus simplement du baratin.