En contact avec Jean Pierre Marongiu depuis le Qatar

Nous sommes en contact avec Jean Pierre Marongiu depuis quelques jours pour lui assurer un lien supplémentaire avec la France. En début de semaine prochaine avec ses trois autres collègues d’infortune il va recevoir Me Berton qui a pris en charge cette affaire qui malheureusement ne grandit pas le Qatar. Aujourd’hui nous avons décidé de parler de son roman « Le Châtiment des Élites ».

 

Interview de Jean Pierre Marongiu

Antonio AMANIERA : Comment l’idée du Châtiment des Élites a-t-elle germé en votre esprit ?

Jean Pierre Marongiu : Il est toujours étrange, perturbant et presque… inquiétant pour un écrivain d’avoir à répondre cette question. Toujours la même, toujours la première… et après en avoir fait le tour, la seule qui compte vraiment. Germer ? Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit, comme les haricots géants du jeune Jacques de mon enfance.

C’est d’abord un frémissement, puis un bourdonnement et enfin la première pousse timide qui vient percer l’humus. Le premier mot, fragile et chétif, suivi de son cortège de phrases, de paragraphes et de chapitres. Ce mot, ni gros ni laid, dans ce roman fut : Équité. Je sais, ce n’est pas le premier qui nous vient à l’esprit à l’heure du premier café. Pourtant quand il commença à s’agiter bruyamment dans mon bocal crânien, il se mit à résonner se toquant même de raisonner.

Antonio AMANIERA : Que mettez vous derrière le mot « équité » ?

Jean Pierre Marongiu : L’Équité, c’est le partage. Comme l’amour direz-vous ? Oui, mais un partage proportionné aux mérites.   Chose que l’amour, dieu en soit loué, ne prendra jamais en considération. L’équité, et tant qu’à faire l’équité sociale internationale, généra donc la première phrase du Châtiment des élites.

Il n’existe pas de cercles de pouvoir dont la richesse ne soit établie sur le vol, l’usurpation et le meurtre. Il n’existe aucune fortune qui ne puise son origine dans les exactions d’un ancêtre criminel.

Les héritiers du pirate n’ont alors de cesse que de faire fructifier, croître et accroître, vertueusement le fruit des crimes anciens. Parmi d’autres groupes de pouvoir, les monarchies, toutes les monarchies, sont issues d’un individu plus cruel et plus ignoble que ses contemporains

Les phrases sont des suites de mots, souvent interminables, le suivant fut : justice. Et l’idée d’une justice sociale et équitable.

La trame et la forme du Châtiment des Élites vinrent avec le constat, au détour d’une citation de Benjamin Disraeli, que « le monde est gouverné par de tout autres personnages que ne l’imaginent ceux dont le regard ne plonge pas dans les coulisses du pouvoir ». (Benjamin Disraeli, 1804-1881.)

Ce fut donc un roman, noir et sombre comme l’âme de ces Élites qui gouvernent le monde dans le secret des alcôves financières. Le reste, tout le reste, c’est de l’amour… et oui j’y reviens toujours. Parce que si la raison affrète des navires, c’est toujours le cœur qui en choisit le cap.

 Antonio AMANIERA : Dites-moi votre commissaire Brocca ne se prend-t-il pas pour un justicier ?

Jean Pierre Marongiu : Il fallait qu’un justicier châtie les tyrans de l’ombre, les marionnettistes qui jouent des politiques et peuples comme avec des pions sur un échiquier international. La justice pouvant être elle aussi tyrannique, il me fallait inventer un équilibre pour poser les pierres d’une réelle équité. L’anarchiste, l’irrévérencieux et le tourmenté Pierre Brocca me tira par les pieds par une nuit sans lune.

Enfin, comme la première feuille de mon haricot magique, le plaisir d’écrire s’empara de mes mots. Des points d’interrogation, comme des crochets de boucher, agitèrent mon bocal et mes maîtres à penser Alexandre Dumas, Victor Hugo et tant d’autres, me soufflèrent à l’oreille le rythme et la structure du récit.

Un roman d’aventure, d’amour et de justice. J’ignore si mes haricots ont percé les nuages, mais leur fumet dans mon cassoulet m’a réchauffé le cœur. Tiens ! Georges Brassens… C’est l’anarchie qui sauvera un jour la République.

 Commentaire

En relisant l’interview de Jean Pierre Marongiu un passage particulier m’interroge « Parmi d’autres groupes de pouvoir, les monarchies, toutes les monarchies, sont issues d’un individu plus cruel et plus ignoble que ses contemporains ».

Je me demande si « certains » n’ont pas mal digéré ce passage oubliant que c’est un roman.

Tiens cela me rappelle une expression utilisée par René Naba qui la tient de d’Albert de Londres « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie». Il parlait du journalisme mais je pense que cela peut s’appliquer, M. Naba j’espère que vous ne m’en voudrez pas,  tout aussi bien aux poètes qu’aux écrivains.

Et concernant le poète Al Ajami, puisque cet à lui que je fais allusion, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour lui au fin fond des geôles du Qatar.